CLASSIQUE - Schubert par Alfred Brendel sur CD

Le premier complet

Publié le 27/06/2011
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QU’A APPORTÉ Alfred Brendel à la musique pour piano de Franz Schubert ? Une interprétation qui, certes, ne fait pas l’unanimité, car on peut lui reprocher de ne pas toujours faire les reprises (les « célestes longueurs »), ce qui, dans les grandes sonates de la fin, fait une différence fondamentale, tant il appartient au pianiste de les faire évoluer comme des paysages en mouvement. Mais, dans les années 1970, il n’y avait sur le marché du microsillon que quelques sonates éparses, les « Moments musicaux », les « Impromptus », la « Fantaisie Wanderer » à peine, mais pas les « Trois Klavierstücke », qui sont au niveau des grandes sonates, ni les « Ländler » et les « Danses allemandes ». Et surtout aucune prétention à l’intégralité des sonates, avec les plus mineures, les inachevées, les inédites. Rien de tout cela n’était joué au concert et il a fallu attendre à Paris le bon vouloir d’un pianiste américain, Noel Lee, pour qu’elles soient jouées à Gaveau et enregistrées, au début des années 1970, pour Valois. Le marché du disque n’offrait alors par Arthur Schnabel que trois sonates (rééditées par EMI coffret Icon), par Serkin idem (mais étaient-elles si disponibles en dehors des États-Unis ?) ; on ignorait ce qu’avaient pu graver de façon éparse les deux géants du clavier soviétique Emil Guilels et Sviatoslav Richter (on l’a su plus tard, ainsi que ce qu’avaient enregistré quelques grandes dames comme Maria Yudina et Nikolaïeva, soit au total pas grand-chose).

Alfred Brendel, pianiste né en 1931 en Moravie, pur produit de la Mitteleuropa de l’entre deux-guerres et devenu plus tard citoyen britannique de cœur, a, le premier, enregistré pour Philips, en deux périodes, l’intégralité de ce monument schubertien quasi oublié pendant plus d’un siècle. Il a ensuite imposées ces sonates au concert. D’autres ont suivi : des plus âgés, comme le Chilien Claudio Arrau (quasi intégrale Philips somptueuse), le Roumain Radu Lupu, des plus jeunes, comme le Russe Vladimir Ashkenazy, le Hongrois András Schiff (qui reste aujourd’hui, avec Elisabeth Leonskaia, le grand interprète de Schubert en activité), l’Allemand Christian Zacharias EMI, inégal mais souvent magnifique). Les très jeunes aussi aujourd’hui s’y mettent, laissons ce futur évoluer et revisitons le monument Brendel.

1 coffret cartonné de 7 CDs DECCA/Universal.

> OLIVIER BRUNEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8990