Wojciech Chmielarz, un nom à retenir : celui d’un journaliste, rédacteur en chef d’un site Internet dédié à l’étude du crime organisé, du terrorisme et de la sécurité internationale, auteur déjà de cinq romans policiers. Le troisième de la série, « la Colombienne » (1), met en scène l’inspecteur Jakub Mortka, dit « le Kub », divorcé, père de deux garçons qu’il voit peu, soumis aux pressions de sa hiérarchie. Chargé d’élucider le meurtre d’un homme d’affaires retrouvé éventré et pendu au pont de Gdansk, il ouvre une piste de blanchiment d’argent à l’échelon international et qui affecte la vie financière polonaise. L’auteur se penche sur la délinquance en col blanc à travers une intrigue complexe et retorse qui met en branle des forces de police sous-payées, gangrenées par la corruption et les préjugés. Prix du meilleur polar de l'année 2015 en Pologne.
Après 18 ans à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93, Olivier Norek s’est distingué avec sa trilogie du capitaine Coste (« Code 93 », « Territoires » et « Surtensions »), suivie d'« Entre deux mondes ». « Surface » (2) est d’une autre eau. Il revient avec un cold case, le squelette d’un enfant disparu vingt-cinq ans auparavant, et une héroïne, Noémie Chastain, capitaine aux Stups, particulièrement attachante. Gueule cassée (la moitié de son visage est partie en lambeaux lors d’une fusillade) et cœur brisé (son amoureux l’a laissée tomber et son supérieur l’a écartée), la jeune femme se retrouve dans l’Aveyron profond, où il est censé ne se rien passer. Tandis que son enquête fait remonter bien des secrets à la surface, elle s’efforce d’exorciser ses propres souffrances.
Dérives post-modernes
Le commissaire Franck Sharko et l’inspectrice Lucie Henebelle reviennent pour la 11e fois sous la plume de Franck Thilliez. Si, dans « Luca » (3), Sharko bougonne sur l’usure du temps, ce sont surtout son second Nicolas Bellanger et la nouvelle brigadier-chef Audra Spick, qui sont victimes d'un syndrome post-traumatique. Tous ont fort à faire dans une intrigue à deux temps, qui rebondit en permanence d’un ventre loué à prix d’or par un couple en mal d’enfant à un corps mutilé qui pourrit dans la forêt et à un homme qui connaît le jour et l’heure de sa mort. Bio-hacking, manipulations génétiques, dérive des réseaux sociaux…, le monde de demain s’écrit au présent.
Tête d’affiche de la scène du polar islandaise, Yrsa Sigurdardottir ne fait pas de cadeau à ses héros : non seulement l’inspecteur Huldar a été dégradé après les polémiques qui ont entouré sa précédente enquête (« ADN »), au risque de retomber dans l’alcool, mais sa « complice », la psychologue pour enfants Freyja, doit composer avec son frère incarcéré. Une petite fille qui disparaît, des mains coupées retrouvées dans un jacuzzi en centre-ville, un message annonçant des meurtres à venir avec les initiales des futures victimes…, les histoires se mêlent et se répondent dans « Succion » (4), un récit de pédophilie et de vengeance où l’argent et le pouvoir rythment un bal macabre.
Un prodige à Tchernobyl
« Le nouveau prodige du thriller français » serait le Malouin Morgan Audic. Une qualification qui n'apparaît pas usurpée quand on se plonge dans son deuxième roman (après « Trop de morts au pays des merveilles »), « De bonnes raisons de mourir » (5), un page-turner qui se déroule près de Tchernobyl et qui croise deux enquêtes. Le cadavre mutilé du fils d’un pétro-oligarque, ancien ministre d’Eltsine, dont l’épouse a été assassinée la nuit où la centrale nucléaire a explosé, est trouvé à Pripiat, dans la zone d’exclusion. Melnyck, capitaine dans la police ukrainienne, en poste depuis sept ans dans la région (c’était ça ou démissionner), et Rybalko, inspecteur de police à Moscou mais originaire de la ville fantôme et condamné par un cancer, vont traquer un tueur psychopathe, chacun à sa façon. L’auteur, qui enseigne l’histoire et la géographie au lycée, déborde largement le fil d’une intrigue à rebondissements, pour décrire une réalité ukrainienne faite de conflits armés, pauvreté, catastrophes écologiques, racisme, corruption…
Star incontestée du polar, dont une quinzaine de romans ont été traduits en France depuis « Cette nuit-là », Linwood Barclay conclut sa trilogie consacrée à Promise Falls dans un feu d’artifice : dans « Vraie folie » (6), c’est toute la ville qui est la cible d’un mystérieux tueur ! L’eau du robinet a été empoisonnée et on ne compte pas moins de 23 victimes en ce samedi matin 23 mai. D’autres morts suivront. L’inspecteur Barry Duckworth n’a d’autre choix que de lancer ses 127 kg dans une course contre la montre. Au-delà de l’enquête officielle, et parce qu’il s’agit d’un roman choral où chaque personnage a une histoire qui est peut-être en relation avec le(s) meurtrier(s) fanatique(s), on se met à soupçonner tout le monde. Un récit très habile et addictif, que l’on appréciera encore plus après avoir lu les précédents tomes, « Fausses promesses » et « Faux amis ».
« Dans l’ombre du paradis » (7) est la nouvelle enquête de l’inspecteur Thomas Andreasson et de l’avocate Nora Linde, le duo créé par la Suédoise Viveca Sten, qui a inspiré la série télévisée « Meurtres à Sandhamn ». Alors que Nora profite de ses vacances, la toute nouvelle villa de luxe qu’a fait édifier, contre l’avis des habitants, un requin de la finance engagé dans des affaires troubles en Russie, a en partie brûlé. Un cadavre a été trouvé dans les décombres. Bien qu’en plein doute après vingt ans de métier, Thomas vient aider son amie. La subtilité est comme toujours au rendez-vous.
(1) Agullo, 404 p., 22 € (2) Michel Lafon, 420 p., 19,95 € (3) Fleuve, 550 p., 22,90 € (4) Actes Sud, 408 p., 23 € (5) Albin Michel, 490 p., 21,90 € (6) Belfond, 480 p., 21,90 € (7) Albin Michel, 426 p., 21,90 €
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