JAZZ-ROCK - Festivals de l’été

À l’ombre de Miles Davis

Publié le 20/06/2011
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Crédit photo : M. PHILBEY

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Crédit photo : DR

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Crédit photo : R. MELLOUL

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Crédit photo : DR

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Crédit photo : DR

AFIN DE COMMÉMORER le vingtième anniversaire de la disparition de Miles Davis (le 28 septembre 1991), les principaux festivals de l’été (qui ont zappé le 20anniversaire de la mort de Stan Getz, le 40de celle de Louis Armstrong ou le 100e de la naissance du « père » du blues, Robert Johnson, moins vendeurs) ont programmé de nombreuses soirées durant lesquelles plusieurs générations de musiciens ayant travaillé avec le trompettiste rendront un hommage vibrant à son œuvre et à sa personnalité unique qui ont changé le cours du jazz moderne.

L’hommage le plus spectaculaire musicalement sera rendu par trois musiciens qui ont accompagné Miles Davis à des époques-clés de sa carrière et qui, par la suite, sont eux-mêmes devenus des innovateurs : Herbie Hancock, Wayne Shorter et Marcus Miller (1). Herbie Hancock, 71 ans (claviers) et Wayne Shorter, 77 ans (saxophones), tous deux embauchés par le trompettiste au milieu des années 1960, font partie du premier cercle des précurseurs, d’abord au sein du célèbre second Quintet (1965-1968), avant de devenir des défricheurs du jazz fusion (jazz-rock, jazz binaire ou jazz électrique) fin 1968-début 1970, pour des albums fondateurs du mouvement comme « In A Silent Way » ou « Bitches Brew » (Columbia). Puis de voler de leurs propres ailes et de créer respectivement The Headhunters et le mythique Weather Report (avec Joe Zawinul, claviers). Quant à Marcus Miller, 52 ans (basse, clarinette basse, arrangements), il est tout simplement celui qui a joué le rôle décisif – notamment à travers « Tutu » (1986) – dans la reconnaissance et pour le charisme du « prince des ténèbres », auprès d’un public plus large que celui du jazz.

Les enfants.

Comme beaucoup de pères, Miles Davis a eu une nombreuse descendance et de multiples disciples. Parmi ses enfants première génération figure John McLaughlin. Né en Angleterre en 1942, le guitariste venu du rock et du blues anglais – il a débuté avec Georgie Fame, Alexis Korner et Brian Auger et même enregistré avec Jimi Hendrix – rejoint Miles pour le début de la période électrique de la fin des années 1960-début 1970, avant de former le fameux Mahavishnu Orchestra, puis Shakti, un groupe précurseur de la fusion des musiques occidentales et orientales (pas encore musique du monde !) et de s’affirmer comme un des instrumentistes les plus doués, les plus véloces et les plus virtuoses de sa génération, phare et mentor pour les adeptes du genre. Un authentique guitar hero (2).

Autre fils musical de Miles, de la première période jazz-rock, Chick Corea. Né en 1941, il débute sa carrière auprès d’Herbie Mann (flûte), avant de rejoindre Stan Getz en 1967, puis d’adopter le piano électrique et se retrouver embarqué dans l’aventure davisienne de la fin 1960. Au début de la décennie suivante, il poursuivra le chemin fusionnel avec une formation emblématique du genre – aujourd’hui reformée avec notamment Stanley Clarke, considéré comme une référence pour tous les bassistes électriques, et Lenny White (batterie) – "Return To Forever"(3).

S’il est surtout reconnu comme maître à penser et à jouer par des générations de pianistes, Keith Jarrett, 66 ans, qui dirige depuis près de trente ans l’un des trios les plus homogènes et les plus classieux (Gary Peacock (contrebasse) et Jack DeJohnette (batterie), également ancien accompagnateur de Miles), fut aux côtés du trompettiste début 1970-1971 sur des disques importants comme « Live/Evil » et les fameuses Cellar Door Sessions, où il s’exprimait au piano électrique et à l’orgue(4).

Durant les premières années de la décennie suivante, deux autres guitaristes essentiels, John Scofield et Mike Stern, furent également associés au travail du leader. Le premier (5) pendant plus de trois ans, au début des années 1980, pour un séjour qui devait l’orienter musicalement vers un jazz teinté de rock, de funk et de soul. Le second (6), ex-Blood, Sweat & Tears, avait été formé à l’école rock ; il est recruté en 1981 par Miles, avec qui il va rester trois ans en même temps qu’un certain... Marcus Miller !

Les disciples.

Wallace Roney, 51 ans, assume le terrible fardeau d’être considéré comme le plus proche héritier du créateur du jazz fusion. Adoubé par ce dernier, qui lui offrit de partager la scène à Montreux en juillet 1991, quelques mois avant sa mort, le trompettiste, qui est marié à la pianiste Geri Allen, avait organisé une tournée à sa mémoire par la suite et son album hommage, « A Tribute To Miles », avait remporté un Grammy Awards. À l’occasion du 40e anniversaire de la parution de « Bitches Brew », Wallace Roney conduit un projet baptisé « Bitches Brew Beyond » (7), regroupant son frère, Antoine (saxes), et d’autres ex-musiciens formés auprès de Miles, comme le légendaire Al Foster (batterie), Bennie Maupin (saxes) et Joseph McCreary « Foley » (basse). Un sacré fantôme va hanter les festivals cet été.

(1) Jazz à Vienne (www.jazzavienne.com) le 12 juillet ; Jazz à Juan/Antibes (www.jazzajuan.com) le 15 ; Paris (Olympia) le 18; Jazz des Cinq Continents, à Marseille, le 20.

(2) Nice Jazz Festival (www.nicejazzfestival.fr), dont il est le parrain, le 8 juillet ; Paris (Casino de Paris) le 12 ; Jazz à Vannes le 28 ; Jazz in Marciac le 30.

(3) Jazz à Vienne le 7 juillet; Paris (Olympia) le 9 ; Les Nuits de la Guitare, à Patrimonio (Corse), le 20 ; Jazz in Marciac le 29.

(4) Strasbourg Jazz Festival le 7 juillet ; Paris (salle Pleyel) le 12 ; Jazz à Juan le 16.

(5) Jazz à Vienne le 12 juillet ; Jazz in Marciac le 30.

(6) En tournée avec Didier Lockwood, Strasbourg Jazz Festival le 30 ; Nice Jazz Festival le 8 ; Paris (New Morning) le 9.

(7) Jazz à Vienne le 2 juillet ; Paris (New Morning) les 5 et 6 ; Jazz à Juan le 15.

> DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8985