JAZZ-ROCK - Hommages et variations

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Publié le 18/04/2011
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Crédit photo : J.-C. DEHAN

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Crédit photo : L. ÉDELINE

LE GUITARISTE (électrique) Nguyên Lê* a toujours fait du rock et de la pop ses sources d’inspiration, remodelées ensuite jazz, voire world music. Après avoir rendu hommage à Jimi Hendrix, il s’empare d’autres classiques pop rock des années 1970 dans son dernier opus, « Songs of Freedom » (Act/Harmonia Mundi). Cela à la tête d’une étonnante formation où dominent les vocalistes venus d’horizons très divers, Youn Sun Nah (Corée sur Sud), David Linx (Belgique), Dhafer Youssef (Tunisie), notamment. Nguyên Lê se réapproprie et réinvente des thèmes aussi connus et populaires que « Eleanor Rigby », « Come Together », « Mercedes Benz », « Whole Lotta Love » ou encore – plus inattendu – « In a Gadda da Vida ». Une alchimie mélodique et une évocation recolorée de tubes devenus indémodables, sur des arrangements plus que surprenants à l’oreille.

Les frères Belmondo, Lionel (saxes et flûte) et Stéphane (trompette/bugle), contribuent depuis plus de quinze ans à la renommée internationale de la nouvelle école de jazz française. S’ils aiment se produire ou enregistrer en famille, ils ont aussi adopté le travail en leader, comme pour leurs dernières productions. Dans « Hymne au soleil - Clair obscur » (BFlat Recordings/Discograph), Lionel Belmondo jette une nouvelle fois une passerelle entre ses deux cultures : le jazz et la musique classique européenne. Bill Evans, Michel Petrucciani et ses propres compositions cohabitent avec Gabriel Fauré, Erik Satie et Arnold Schönberg. Le tout soutenu par un ensemble très cuivré (trompette, cor anglais, cor, tuba) et boisé (clarinettes). Un rapprochement subtil des répertoires. Quant à son frère, Stéphane Belmondo**, il préfère maintenir un ancrage plus jazzy, avec « The Same as it Never Was Before » (Verve/Universal, à paraître le 25 avril), son dernier CD en tant que leader. À la tête d’un quartet résolument jazz, comprenant notamment les vénérables Kirk Lightsey (piano) et Billy Hart (batterie), il avoue ses préférences : outre le jazz (une composition de Wayne Shorter), la pop, la soul (Stevie Wonder), les rythmes d’Afrique et aussi… les réminiscences classiques ! Un travail exploratoire aux facettes multiples, dans lequel la trompette trouve toute sa dimension et son timbre sonore.

Pianiste relativement discret, Mico Nissim s’est pourtant frotté, depuis près de quarante ans, à tout le gratin du jazz hexagonal (il fut notamment pianiste de l’ONJ de 1989 à 1991) et a accompagné un certain nombre de chanteurs comme Sacha Distel, Nilda Fernandez ou Brigitte Fontaine. Pour son nouvel enregistrement, qui annonce bien la connotation et la filiation musicale, « Ornette/Dolphy/Tribute/Consequences » (Cristal Records/Harmonia Mundi), il a fait appel à un casting de souffleurs – Géraldine Laurent (sax-alto), Stéphane Guillaume (flûte/clarinette basse), Laurent Mignard (trompette de poche) – et une rythmique – Jean-Luc Ponthieux (contrebasse), Mourad Benhammou (batterie) – en parfaite symbiose et adéquation avec le répertoire exploré et revisité. À savoir celui de deux passeurs et « anges annonciateurs de la liberté » dans l’histoire du jazz moderne : Ornette Coleman et Eric Dolphy. De nouvelles racines pour développer un nouveau parcours et des (r)évolutions.

* Paris, New Morning, 4 mai, 21 heures.

** Coutances, Jazz sous les pommiers, 28 mai. Paris, Café de la danse, 17 juin.

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8945