Doit-on présenter au public français sir Kenneth MacMillan (1929-1992), l’un des plus célèbres chorégraphes d'outre-Manche ? Peut-être, car si son formidable ballet en trois actes « l’Histoire de Manon », d’après le roman de l’abbé Prévost sur la musique de Massenet, est depuis 1990 un des piliers du répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris (BOP), sa popularité est bien moindre qu’au Royaume-Uni. Trente ans après sa disparition, nombre de ses chorégraphies sont encore dansées sur la scène du Royal Opera Covent Garden, la plus célèbre étant probablement son « Romeo and Juliet » immortalisé par Margot Fonteyn et Rudolf Noureev en 1965. « Mayerling », créé par le Royal Ballet en 1978 avec Lynn Semour et David Wall sur des musiques de Franz Liszt, date de la fin de la période faste pendant laquelle le danseur et chorégraphe écossais était à la tête du Royal Ballet, où il avait succédé en 1970 à Frederick Ashton. C’est pendant une représentation de la reprise ce ballet en 1992 qu’il mourut terrassé par une crise cardiaque.
C’est donc un hommage, pour le trentième anniversaire de sa disparition, que le BOP lui rend en faisant entrer à son répertoire cette chorégraphie en trois actes, saga historique qui narre un épisode tragique de l’Empire austro-hongrois, le suicide en 1889 de l’archiduc Rodolphe, fils de l’empereur François‐Joseph et de Sissi et héritier du trône d’Autriche, en compagnie de sa maîtresse, la baronne Mary Vetsera, encore mineure, dans un pavillon de chasse de Mayerling, près de Vienne.
Le ton est donné dès la lecture du programme : « Tous les ingrédients sont réunis pour la naissance d’une légende : une histoire d’amour, un arrière-plan politique, une vérité tronquée, la disparition d’un cadavre. » De fait, on suit avec les yeux d’un spectateur de cinéma ce long récit dont les personnages ont tous une histoire tourmentée. C’est à la fois la force et la faiblesse de cette chorégraphie, qui, à force de vouloir épouser la psychologie des personnages, est souvent un peu trop riche et alambiquée. Mais elle comporte quelques moments de danse magnifique, notamment pour son héros Rodolphe, présent sur scène d’un bout à l’autre et que MacMillan a gratifié de six grands pas de deux spectaculaires.
La distribution que l’on a pu voir n’était pas aussi prestigieuse que les deux des premières, les rôles principaux étant confiés à deux jeunes danseurs, l’étoile Paul Marque et à la coryphée Hohyun Kang. Les deux s’en tirent fort bien. Si Paul Marque n’a pas la grande classe pour camper ce Prince, il se révèle magistral dans la lente descente aux enfers des scènes finales. Hohyun Kang est parfaite d’ingénue fraîcheur. Les nombreux rôles secondaires sont parfaitement tenus et soutiennent avec de fortes qualités théâtrales le récit. S'ajoutent à la réussite les décors opulents, les costumes d’époque somptueux et les scènes de genre (la taverne, le bal à la Hofburg, l’anniversaire de l’Empereur avec feu d’artifice et divertissements) magnifiquement réglées. Seule ombre au tableau, la direction militaire et bruyante de Martin Yates, dans une partition certes peu passionnante, à la tête d’un Orchestre de l’Opéra peu motivé.
(Jusqu'au 12 novembre, Opéra de Paris, Palais Garnier, operadeparis.fr)
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