« La Fresque », à Versailles puis en tournée

Preljocaj, rêve et perfection

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Publié le 21/11/2016
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Danse-La Fresque 1

Danse-La Fresque 1
Crédit photo : J. C. CARBONNE

Quel bonheur de voir Angelin Preljocaj retourner à la danse pure, après quelques escapades plus ou moins heureuses vers une danse « intellectualisée » ! Comme les spectacles nés de sa collaboration avec l’écrivain Laurent Mauvignier : on avait trouvé une force bouleversante à « Ce que j’appelle oubli », créé à la Biennale de la Danse de Lyon en 2012, mais eu beaucoup de mal à entrer dans l’univers très décousu de « Retour à Berratham » (Festival d’Avignon 2015).

Avec « la Fresque », spectacle réalisé d’après un conte traditionnel chinois (« la Peinture sur le mur »), Preljocaj revient donc vers la veine chorégraphique qui a fait le succès populaire de ses grands ballets des années 2000 (« Blanche-Neige », « les Nuits »). Et, bien que l’esthétique de ses spectacles ait beaucoup évolué, on retrouve des similitudes dans la narration et le geste chorégraphique avec ses œuvres cultes du siècle dernier, « Roméo et Juliette » et « le Parc ».

« La Fresque » est avant tout un travail d’équipe, très réussi. Certes, on y retrouve ce qui fait le suc de la danse de Preljocaj, cette inimitable fluidité de la chorégraphie, une économie de geste qui montre aussitôt et sans détour l’essentiel, les idées qui surgissent au moment où l’on s’y attend le moins, des portés toujours inédits. Et surtout cette tendresse qui, même dans les passages les plus dramatiques, règle le corps des danseurs.

Mais il y a aussi ce qui fait la perfection du spectacle : les éclairages d’Éric Soyer, d’une virtuosité à couper le souffle, les effets de vidéo de Constance Guisset, un décor à eux seuls, et les costumes d’Azzedine Alaïa, seconde peau des danseurs, qui participent autant que leurs corps à la beauté de leur danse.

La musique de Nicolas Godin, une partition électronique qui s’inspire de musique orientale, du chant du vent, d’instruments traditionnels chinois et même de J. S. Bach, est très efficace, même si une certaine acidité n’est pas toujours en accord avec le caractère lisse et rond de la danse. Mais elle participe idéalement à la lisibilité totale du conte, où la parole n’intervient jamais.

Ce spectacle s’apprête à une tournée nationale et internationale. Mais, déjà, Angelin Preljocaj nous entraîne vers ses autres projets, avec la sortie en salles, mercredi dernier, du très émouvant film inspiré de la bande dessinée de Bastien Vivès, « Polina, danser sa vie », coréalisé avec Valérie Müller, avec l’étonnante danseuse Anastasia Shevtsova, Juliette Binoche, Niels Schneider et Jérémie Bélingard ; et l’ouverture du festival Montpellier Danse, en juin 2017, avec une création dont la musique bénéficiera d’un orchestre dans la fosse.

– Versailles, du 24 novembre au 4 décembre, tél. 01.30.83.78.89, www.chateauversailles-spectacles
– Clermont-Ferrand du 7 au 9 décembre. Lyon (Maison de la danse) du 1 er au 4 février. Créteil (Maison des Arts) du 1 er au 4 mars. Draguignan les 1 er et 2 avril. Biarritz le 30 mai. Marseille (La Criée) du 14 au 17 juin. Paris (Théâtre de Chaillot) du 7 au 23 novembre 2017. www.preljocaj.org

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9536