JAZZ-ROCK - Seul au piano

Qui va piano va solo

Publié le 21/02/2011
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Crédit photo : V. BRETON

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Crédit photo : V. LUTZ

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Crédit photo : E. RICHMOND

CONTRAIREMENT à la plupart des pianistes américains de jazz, leurs confrères européens ont une préférence pour la prestation en solo, surtout en CD. Souvent doublée d’une volonté de faire connaître leurs œuvres originales. Ainsi, pour quatre jeunes individualistes – Tigran Hamasyan, Iiro Rantala, Gwilym Simcock et Alexandre Saada -, plus de 40 titres et seulement... trois standards ! Autre point commun : ce sont tous des surdoués. Issus des meilleures écoles (européennes et/ou américaines), ils sont dotés d’une technique impressionnante, irréprochable, voire froide et parfois sans âme, et d’une culture musicale élargie. Coup d’œil sur ces marathoniens du clavier.

À 23 ans, le pianiste arménien Tigran Hamasyan (1) est une bête de concours : plusieurs fois primé au concours international de jazz Martial Solal (2002 et 2006), une récompense aux Jazz à Juan Révélation (2003) et surtout un 1er prix de piano jazz au Thelonious Monk Institute of Jazz (2006, avec un jury présidé par Herbie Hancock). Quant à son terrain de chasse musical privilégié, ce sont ses racines arméniennes et la richesse du folklore local. Le soliste vient de publier son dernier opus, « A Fables » (Verve/Universal), dans lequel éclate sa technique folle, étonnante et implacable, mise au service de thèmes traditionnels et populaires de son pays, aux mélodies lyriques. Cette plongée dans le patrimoine et ses prouesses instrumentales font de lui le second plus gros vendeur de disques, dans la catégorie jazz, actuellement, entre deux chanteuses. Plus concertiste que l’âme d’un vrai jazzman cependant.

Alexandre Saada (2) est un musicien qui tente de se démarquer sur la scène du jazz français actuel. Comme tous les instrumentistes de moins de 40 ans (il est né en 1977), son cœur balance entre le jazz, la musique classique, le rock et la pop, d’où une association avec Sophie Alour (saxes), dans le Pop Life Project, pour une évocation de la musique de Joni Mitchell et Paul Simon. Son premier album solo pour son label, « Present » (Promise Land/Codaex), est un condensé de sa démarche musicale introspective, alliant thèmes et mélodies, avec de très larges plages improvisées avec brio et inspiration.

Iiro Rantala nous vient de Finlande, où il est né en 1970, à Helsinki. Membre de deux trios, Töykeät, qui est une référence dans la sphère du jazz finlandais, et le New Trio, qui pratique une musique rythmée aux accents urbains (avec une beatbox), il vient de faire paraître « Lost Heroes » (ACT/Harmonia Mundi), un hommage à plusieurs personnalités de tout premier plan qui ont marqué le jazz et la musique : du compositeur finlandais Pekka Pohjola à Luciano Pavarotti en passant par ses références, Jaco Pastorius, Bill Evans, Art Tatum, Michel Petrucciani, Oscar Peterson, Erroll Garner, et son alter ego suédois, tragiquement disparu, Esbjörn Svensson. Le salut et l’évocation, avec un beau brin de swing et d’inspiration, d’un élève à ses mentors et amis.

Le pianiste gallois Gwilym Simcock fait partie des étoiles montantes du jazz d’outre-Manche. À bientôt 30 ans, et après avoir obtenu plusieurs récompenses et distinctions au pays de sa gracieuse majesté, il a côtoyé des pointures comme Dave Holland et Lee Konitz. Sa culture pianistique inclut des sommités aussi diverses que Chopin, Ravel, Gershwin, Bill Evans, Thelonious Monk ou Oscar Peterson. Des bases et des influences que l’on retrouve dans « Good Days at Schloss Elmau » (ACT/Harmonia Mundi), un CD d’essence et d’inspiration particulièrement jazzy, avec des intonations néoromantiques, nées sans doute à la suite de sa résidence dans un magnifique château des Alpes bavaroises.

(1) Montbrison Jazz Festival, 17 mars ; Jazz à l’étage, à Rennes, 18 mars ; Avoriaz Jazz Festival, 19 mars ; Nîmes, 22 mars ; Paris, Théâtre du Châtelet, 25 mars.

(2) Paris, festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés, 17 mai.

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8910