La tétralogie du « Cimetière des Livres oubliés », qui avait imposé Carlos Ruiz Zafon sur la scène internationale il y a 17 ans, s’achève avec « le Labyrinthe des esprits » (1), un tome aussi percutant que « l’Ombre du vent » initial. Sachant que chaque roman de la série peut être lu dans n’importe quel ordre et séparément, on plonge dans ce pavé avec Alicia Gris, une jeune femme blessée et fragile doublée d'un agent secret d’une redoutable efficacité. Chargée d’enquêter sur la disparition d’un ministre du gouvernement de Franco, elle descend dans les entrailles de ce régime abject, met à jour les cruautés et les crimes et fait tomber les masques. Son parcours lui fait notamment croiser la route du libraire Daniel Sempere, car, encore et toujours, le roman est un hommage à la littérature. Et cela à travers une kyrielle de personnages denses et mystérieux et une myriade de rebondissements dans une Barcelone (la ville natale de l’auteur) pleine d’intrigues et de recoins. Une lecture immersive et passionnante.
L'histoire américaine
Auteur bien-aimé des Français, Douglas Kennedy nous a gratifiés de sa trilogie « la Symphonie du hasard » (2) avant même les États-Unis ! Le Livre 1 est paru fin 2017, les Livres 2 et 3 en mars et mai 2018. Cette vaste fresque sociale et familiale couvre les années 1960 et 1970 et elle brosse, à travers le personnage d'Alice, éditrice à New York, les portraits tout en nuances d’une famille de la classe moyenne de banlieue, avec ses contradictions d’amour et de haine, et d’une société engluée dans le racisme, le sexisme, l’homophobie, la corruption, mais où se réveillent les forces de la liberté et de la contestation. Mêlant la petite et la grande histoire, avec une part aussi d’autobiographie, l'ouvrage nous transporte de New York à Dublin, en passant par l'Amérique du Sud et l’Irlande du Nord.
Une autre saga américaine, particulièrement originale, est signée Jane Smiley, l'auteure de « l’Exploitation », prix Pulitzer, et d'autres romans majeurs comme « Un appartement à New York ». Avec « Un siècle américain », elle a pour projet de raconter l’histoire de son pays et l’histoire d’une famille de 1920 à 2020, avec un chapitre par année et jamais plus d’une dizaine de pages par chapitre… Le résultat est une œuvre vivante et rythmée, saluée outre-Atlantique et dans le monde entier. Après « Nos premiers jours » (1920-1953), le deuxième tome de la trilogie, « Nos Révolutions » (3) couvre la période 1953-1986 et nous entraîne de l’Iowa à San Francisco et New York, avec pour toile de fond la mort de Kennedy, la guerre du Vietnam, les révolutions sociales et morales.
La Suédoise Sofia Lundberg est quant à elle parvenue à faire une épopée d’un destin individuel et de manière également singulière. Dans « Un petit carnet rouge » (4), une femme de 96 ans se remémore les gens qu’elle a rencontrés. En feuilletant les pages du carnet d’adresses qu’elle possède depuis 1928 et dont les noms sont presque tous barrés avec la mention « décédé », elle fait revivre les personnes qui ont fait sa vie, en bien et en mal, de New York à Paris. Les figures se succèdent au fil des chapitres, accompagnées ou emportées par les événements du siècle. D’abord auto-édité sur Internet, le roman sera publié dans près de trente pays.
Jusqu'à Tombouctou
Professeur d’histoire de l’art et d’histoire médiévale, Luis Montero Manglano poursuit les aventures du Corps royal des Quêteurs, cette organisation secrète découverte dans « la Table du roi Salomon », chargée de rapatrier les œuvres du patrimoine historique espagnol éparpillées à travers le monde et remplacées par de parfaites copies. Dans le deuxième volet de la trilogie, « l’Oasis éternelle » (5), l’objet volé est un manuscrit très ancien, le Mardud de Séville, et l’enquête « interdite » nous conduit au Mali, où se déchirent les factions touarègues, les intégristes islamistes, l’armée française et une des plus anciennes tribus africaines. Pour les fans d’aventures en tout genre, car le chemin est long pour arriver aux trésors des bibliothèques de Tombouctou !
Incontournable auteur de l’été depuis « Et si c’était vrai » en 2000, Marc Lévy donne, avec « Une fille comme elle » (6), une comédie sociale sur nos différences mais aussi sur ce qui nous rapproche. L’histoire se situe à New York, et l’on va du quartier latino-caribéen de Spanish Harlem, où habite Deepak, un liftier indien, à Greenwich Village, sur la Cinquième Avenue, où il se rend chaque matin pour faire fonctionner l’antique ascenseur entièrement manuel qui équipe le n°12. Dans cet immeuble cossu se côtoient des personnages plus excentriques les uns que les autres, qui ont tous Deepak pour confident. Un jour, lorsque son neveu va endosser à son tour la tenue de liftier, la vie de cette joyeuse communauté va changer. Quiproquos en série, amitié, complicité, amour et moments d’humanité sont la marque de ce roman bon enfant.
S’il est une saga bien française, riche de joies, de drames et d’imprévus, c’est bien celle de la Grande Boucle. Le journaliste sportif Jean-Paul Ollivier, qui l’a commentée durant plus de quarante ans, en donne une version personnelle dans « le Tour de France - Un beau roman, une belle histoire » (7). On y retrouve certes les exploits des champions mais aussi des anecdotes historiques et des considérations géographiques. Autant de visages, de lieux et de faits sortis de la mémoire collective ou de celle de l’auteur.
(1) Actes Sud, 840 p., 27 €
(2) Belfond, 384, 336 et 400 p., 22,90 € chaque volume
(3) Rivages, 650 p., 24,50 €
(4) Actes Sud, 574 p., 24 €
(5) Robert Laffont, 370 p., 21,50 €
(6) Calmann-Lévy, 356 p., 19,90 €
(7) Robert Laffont, 314 p., 20 €
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