JAZZ-ROCK - Anniversaire

Stan Getz, vingt ans après

Publié le 11/04/2011
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SURNOMMÉ à juste titre « The Sound », Stan Getz (1927-1991) fut l’un des rares géants et stylistes du saxophone-ténor à traverser l’histoire du jazz contemporain en près d’un demi-siècle de carrière. Des premiers enregistrements au sein du big band de Woody Herman à la fin des années 1940 – il formera en 1947 avec Zoot Sims, Serge Chaloff et Herbie Steward une des plus célèbres sections de saxes, baptisée Four Brothers, d’après une composition de Jimmy Giuffre – à l’immense popularité acquise grâce à son engouement pour la bossa-nova à partir d’un album fondateur comme « Getz-Gilberto » (1963), en passant par de nombreuses remises en question musicales et personnelles (dépendance à l’héroïne puis à l’alcool à la fin de sa carrière). Il est l’une des figures emblématiques inscrites au panthéon du jazz.

Emporté par un cancer du foie le 6 juin 1991, ce dandy virtuose avait réussi au début des années 1970 à s’affranchir - presque ! - de la popularité et du piège de la bossa-nova en faisant appel à de jeunes musiciens et à de nouveaux partenaires pour élaborer d’autres horizons musicaux, fortement imprégnés d’une certaine fusion des styles, comme le met en évidence la parution de « The Worlds of Stan Getz - The Complete Columbia Album Collection (Columbia/Legacy/Sony Music), un magnifique et indispensable coffret de sept CD enregistrés pour le label entre 1972 et 1979, augmentés de nombreuses prises inédites. Y figurent : le superbe « Captain Marvel » (1972), album électrifié de la rédemption d’alors, où officie la section rythmique de Return To Forever, emmenée par le claviériste Chick Corea (Stanley Clarke, basse, Tony Williams, batterie, Airto Moreira, percussions) ; « The Best of Two Worlds » (1975), avec Joao Gilberto, ou la bossa-nova retrouvée ; « The Master » (1975), en quartette ; « Stan Getz presents Jimmy Rowles The Peacocks » (1975), avec Jimmy Rowles (piano), Elvin Jones (batterie) et les vocaux de la famille Hendricks ; « Another World » (1977), avec un retour au jazz électrifié et électrisé ; « Children of the World » (1978), avec un grand orchestre conduit par Lalo Schifrin ; et « Forest Eyes » (1979), un disque rare gravé aux Pays-Bas, avec le compositeur/arrangeur/percussionniste Jurre Haantra. Un coffret indispensable.

À noter que vient d’être réédité, dans la collection « Original Jazz Classics » (Concord/Universal), l’album « Cal Tjader/Stan Getz Sextet » (Fantasy), enregistré en 1958, en compagnie du vibraphoniste Cal Tjader (1925-1982) et de deux accompagnateurs marquants et remarqués de l’époque, le contrebassiste Scott LaFaro, futur membre du trio de Bill Evans, et le batteur Billy Higgins, futur compagnon de route du père du free jazz, Ornette Coleman. Le tout pour une séance plutôt ancrée dans le style bop.

D. P.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8942