Snorre Kirk et Dany Doriz

Sur des airs de swing

Par
Publié le 28/05/2021
Le jeune batteur danois Snorre Kirk et le vénérable vibraphoniste français Dany Doriz entretiennent la flamme du jazz classique qui swingue.
Dany Doriz en Afrique

Dany Doriz en Afrique
Crédit photo : DANY DORIZ

* Alors que beaucoup de représentant(e)s de la nouvelle génération de jazzmen/women se battent pour toujours plus d'originalité, jusqu'à répéter à l'infini une musique sans intérêt, Snorre Kirk a préféré faire le choix du swing à l'ancienne. Celui enraciné dans les années 1940-1950. Pour se convaincre de l'intérêt de cette démarche parfaitement anachronique dans un monde de clones, il suffit d'écouter « Going Up » (Stunt Records). Ce qui est remarquable dans cet album, c'est que l'intégralité des compositions originales du batteur/leader norvégien, installé au Danemark, répond aux canons d'un jazz classique et swing oublié ou ignoré de nos jours. Sans pastiche cependant, avec authenticité et un brin de nostalgie.

Ainsi, avec de merveilleux acolytes comme les saxophonistes-ténors Stephen Riley, au jeu suave et enchanteur, et Jan Harbeck, irrésistible disciple de Ben Webster, et une rythmique comprenant le fidèle Magnus Hjorth (piano) et Anders Fjeldsted (contrebasse), il convoque les esprits de Lester Young, Ben Webster, Coleman Hawkins, Paul Gonsalves et autres légendes d'un jazz intemporel et immuable. Sans déclencher de batailles de saxophones, tout étant dans la complémentarité du souffle, du phrasé et du respect pour la mélodie.

* Dany Doriz a deux casquettes. Il est depuis les années 1970 propriétaire du plus ancien club de jazz de la capitale encore en activité, le Caveau de la Huchette, haut-lieu mondial du jazz de danse et classique, et vibraphoniste. Son amour pour le vibraphone lui est venu à l'écoute du Modern Jazz Quartet (MJQ), où officiait Milt Jackson, puis avec Lionel Hampton, dont il est le plus fidèle disciple.

Dans « Anthologie Dany Doriz All Stars - 1962-2021 » (3 CD, Frémeaux & Associés), cet expert en fines lames et chef d'orchestre fait le bilan de près de 60 ans de carrière. Il a convoqué la quasi-totalité des jazzmen (et jazzwomen) avec lesquels il a partagé cet amour pour le swing et l'âge d'or du jazz dansant. Sur des documents rares, voire inédits, figurent ainsi Stéphane Grappelli, Lionel Hampton, Claude Bolling, Rhoda Scott, le bluesman Memphis Slim, Maxim Saury, mais aussi Manu Dibango, Sacha Distel (le guitariste pas le crooner) ou encore Christian Morin (le clarinettiste, pas l'homme de radio et de TV). Du beau monde pour une leçon de swing !

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin