* Fort de son immense succès outre-Atlantique, bien qu'il s’agisse d’un premier roman, « le Livre de M » (1) réinvente le roman postapocalyptique. Peng Shepherd imagine une pandémie mondiale où les hommes perdent leur ombre et en même temps leurs souvenirs, les victimes se créant de faux souvenirs qui deviennent aussitôt réalité. Dans des sociétés devenues sans repères, le récit s’hybride de fantasy et se transforme en une sorte de romance fantastique postapocalyptique. La victoire de l’imaginaire.
* Vétéran du best-seller, John Grisham frappe fort, une nouvelle fois, avec l’assassinat de sang-froid et incompréhensible d’un pasteur apprécié de tous par un héros reconnu de la Deuxième Guerre mondiale. Au-delà du thriller judiciaire, « la Sentence » (2) nous embarque dans le Sud ségrégationniste des années 1940 et jusqu’aux jungles des Philippines, où le fermier devenu meurtrier a subi les atrocités des camps de prisonniers japonais. Cœurs sensibles s’abstenir.
* Dans le 11e épisode de la série Will Trent, enquêteur pour le Georgia Bureau of Investigation, Karin Slaughter nous confronte aux mouvements d’extrême-droite. Dans « la Dernière Veuve » (3), la compagne de Will, médecin légiste, a été enlevée par un groupuscule militaire qui vient de poser une bombe à Atlanta. On pénètre avec elle dans le bastion aux allures de secte de suprématistes blancs, au pied des Appalaches. L’intrigue est aussi complexe que documentée, avec une narration originale alternant les points de vue des différents personnages. Un écho de la société américaine.
* « La Preuve ultime » (4), qui s’ajoute à la vingtaine de romans indépendants (à côté de la série qui met en scène le commissaire Roy Grace) de l’auteur anglais Peter James, nous conduit dans le monde des miracles. Un chercheur qui affirmait détenir la preuve irréfutable de l’existence de Dieu a été assassiné. Un journaliste se lance, avec seulement trois coordonnées géographiques, à la poursuite de la fameuse attestation. Mais on ne menace pas les grandes religions sans danger. De quoi donner matière à réflexion aux athées et aux croyants.
* Le deuxième roman de l’Espagnol Agustin Martinez (qui est d’abord scénariste) aborde un sujet peu traité dans le genre : la responsabilité des jeunes. Miriam a 14 ans lorsqu’elle est contrainte de quitter Madrid pour un village paumé d’Andalousie écrasé par la chaleur, dont les habitants vivent en quasi-autarcie sous la régence d’un chef qui fournit le travail. Quand ses parents sont attaqués, la mère tuée et le père laissé pour mort, l'adolescente est accusée d’avoir commandité l’agression. Dans un va-et-vient de temporalités avant et après l’acte criminel, « la Mauvaise Herbe » (5) met en scène une kyrielle de relations toxiques qui impliquent autant les adolescents que les adultes. Suffocant.
* Devenue série, la trilogie de Promise Falls, du nom d’une charmante bourgade de l’État de New York, s’étend avec « Champ de tir » (6), dans lequel Linwood Barclay montre ce qu’il advient quand des citoyens se transforment en justiciers. Parce qu’un homme porte dans son dos un tatouage qui l’accuse d’être un meurtrier, parce qu’un fils de famille a été jugé irresponsable dans une affaire d’homicide, flic et privé s’unissent pour lutter contre la haine distillée dans les réseaux sociaux et pour mettre à jour les vraies responsabilités. Une chasse aux sorcières des temps modernes.
Intrigues venues du froid
Les pays nordiques comptent parmi les plus remarquables viviers d’auteurs à suspense, la Suède en particulier. Viveca Sten poursuit sa série avec l’inspecteur Thomas Andreasson et la procureure Nora Linde sur l’île de Sandhamn, avec « Au nom de la vérité » (7). La disparition d’un garçon de 11 ans est-elle liée au procès dans lequel doit témoigner son père, à l’homme qui rôde autour du camp de vacances et qui vient de sortir de prison ? À moins que…
* Consacrée dès son premier roman autoédité (« Marquée à vie »), Emelie Schepp publie son 4e livre mettant en scène la procureure Jana Berzelius au sombre passé, « la Marque du père » (8). Une femme a été assassinée et son fils de 6 ans a disparu ; le père, d’abord soupçonné, semble avoir un solide alibi tandis que l’on s’interroge sur la dépression de la mère.
* Imaginée par Sara Lövestam, la tétralogie Kouplan, détective sans-papiers dans le Stockholm underground, se conclut avec « Là où se trouve le cœur » (9). Désormais « intégré », mais obsédé par le sort de son frère, arrêté en Iran huit ans auparavant, le privé répond à l’appel d’immigrés illégaux qui ne peuvent dénoncer les responsables de la mort de l’un d’entre eux, de peur d’être expulsés.
* Célèbre grâce à son héroïne Erica Falck et la série « Fjälbäcka », Camilla Läckberg met en scène, dans une novela (court roman ou longue nouvelle), des « Femmes sans merci » (10). Trois épouses coincées dans des mariages destructeurs et toxiques se rencontrent via un forum sur le Net et chacune prévoit de tuer le mari d’une autre ; mais tout se déroulera-t-il comme prévu ?
* Connue pour sa trilogie « Reykjavik noir », l’Islandaise Lilja Sigurdardottir change de registre avec « Trahison » (11), qui met en scène une humanitaire amenée à remplacer le ministre de la Justice, vite confrontée à la mauvaise volonté de son administration et à la haine des réseaux sociaux. À moins que la trahison ne vienne de ses proches…
* Sa consœur Yrsa Sigurdardottir s’attache particulièrement, dans « Disparition » (12), au cyberharcèlement en milieu scolaire. Une lycéenne a été tuée puis un adolescent enlevé, les chiffres « 2 » et « 3 » étant laissés en évidence sur les lieux. Jusqu’où la série se poursuivra-t-elle ? Et qu’en est-il de la victime numéro 1 ?
* Plébiscité en Norvège, traduit dans 26 pays et récompensé pour chacun de ses trois précédents romans, dont le héros est l’inspecteur William Wisting, Jorn Lier Horst – qui s’appuie sur ses vingt ans d’expérience à la criminelle – relance à travers lui l'enquête non élucidée sur « le Disparu de Larvik » (13)… au risque de fragiliser une enquête en cours.
(1) Albin Michel, 585 p., 24,90 € (2) JC Lattès, 502 p., 22,90 € (3) HarperCollins, 584 p., 20,90 € (4) Fleuve Éditions, 531 p., 21,90 € (5) Actes Sud, 392 p., 23 € (6) Belfond, 475 p., 21,90 € (7) Albin Michel, 491 p., 22,90 € (8) HarperCollins, 423 p., 19 € (9) Robert Laffont, 318 p., 18,90 € (10) Actes Sud, 142 p., 14,90 € (11) Métailié, 349 p., 22 € (12) Actes Sud, 379 p., 23 € (13) Gallimard, 470 p., 20 €
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série