Sur scène à Paris, « l'Épaule de Dieu »

Un face-à-face existentiel

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Publié le 13/01/2020

Au théâtre de l'Atalante (1), « L’Épaule de Dieu », de François Marchasson : sur un thème souvent abordé, le mystère de la mort, un attachant dialogue. L’absurde est clairement mis en lumière par la scénographie légère mais lestée de symboles de Claire Belloc.

Entre Beckett et Tchekhov

Entre Beckett et Tchekhov
Crédit photo : LAURENCINE LOT

Une route, comme un tronçon qui ne mène à rien mais s’envole, un placide rhinocéros qui fait évidemment penser à Eugène Ionesco, un espace assez neutre avec une fontaine à eau, un fauteuil confortable à cour, avec, au pied, un flacon d’alcool, des journaux. Un homme est assis là, qui semble bien calme. De l’autre côté une chaise et un homme véhément et qui, debout, va et vient et parle d’abondance.

François Marchasson, qui a écrit la pièce, est simplement désigné comme « l’un » et Patrick Paroux, « l’autre ». Hervé Van der Meulen les met en scène. Dirige musicalement les deux interprètes, comédiens bien connus, rompus à toutes sortes de registres. On est dans un univers abstrait qui rappelle un certain théâtre d’il y a bien longtemps. Mais les questions existentielles ne vieillissent pas…

Si l’on comprend bien, un accident de la route a eu lieu. Sont-ils morts ? L’un est-il déjà de l’autre côté et l’autre s’interroge-t-il, incrédule ? Hervé Van der Meulen entend en ces deux personnages des figures qui rappellent à la fois Samuel Beckett et Anton Tchekhov. Et en effet, le texte oscille. Il y a des moments un peu convenus, comme un pastiche du théâtre de l’après-guerre, et des moments plus sensibles et personnels. Des éclairs, du rire, et des considérations un peu laborieuses.

Le face-à-face n’en est qu’à ses premiers jours. On sent les interprètes encore un peu timides, se demandant comment le public va réagir. Mais les spectateurs écoutent, sont émus et admirent le talent de François Marchasson, l’ironique assurance de « l’un », et de Patrick Paroux, la candeur fiévreuse de « l’autre », bien mises en valeur par Hervé Van der Meulen.

– Signalons également la reprise à La Scala (2), du 10 janvier au 2 février, d’un remarquable spectacle seul en scène dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes, « la Loi des prodiges (ou la Réforme Goutard) », de et par François de Brauer.

 

(1) Jusqu'au 27 janvier, durée 1 h 20. Tél. 01.46.06.11.90, theatre-latalante.com. Reprise du 23 au 26 avril au Studio-Théâtre d’Asnières.

(2) Durée 1 h 35. Tél. 01.40.03.44.30, lascala-paris.com

 

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin