CLASSIQUE - « Oberon », de Weber, à Toulouse

Un Orient médiéval et romantique

Publié le 09/05/2011
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Crédit photo : P. NIN

LE THÉÂTRE du Capitole de Toulouse donne la preuve qu’il n’est pas aussi impossible que l’on dit et le répète de monter le problématique « Oberon ». Certes, depuis la création londonienne et la mort de Weber qui la suivit de peu, l’œuvre a connu des avatars discutables, de Paris à Dresden, exploitant le versant grand spectacle ou le côté romantico-initiatique de l’œuvre, sorte de « Flûte enchantée » bis, sacrifiant le texte à la musique ou le contraire. Toulouse, dans une production signée Daniele Abbado pour la mise en scène, Angelo Linzalata pour la scénographie, Luca Scarzella pour la vidéo et surtout Ruth Orthmann pour la dramaturgie et l’adaptation (condensation) des dialogues parlés, pourrait bien avoir trouvé le compromis idéal. Il consiste à dégraisser l’œuvre de la dizaine de personnages annexes, grâce à un narrateur (Volker Muthmann, excellent comédien, metteur en scène, danseur, acrobate allemand) qui fait avancer l’action, endossant au passage les habits des personnages secondaires indispensables. Une belle réussite, qui clarifie le propos, rendant l’histoire, sinon crédible, du moins plausible.

Difficile de réunir une distribution idéale pour chanter la version allemande d’« Oberon », car la réputation d’ « inchantabililité » des deux rôles principaux n’est pas fausse. Le choix de Klaus Florian Vogt (Huon) et Ricarda Merbeth (Rezia) est certainement aujourd’hui le meilleur. Tous deux ont assumé avec beaucoup de vaillance et plus ou moins de bonheur leurs redoutables airs. Les autres interprètes, avec des parties se situant dans la tradition mozartienne, étaient tous parfaits : Arttu Kataja et Roxana Constantinescu pour le couple de serviteurs Scheramin-Fatime, le très rayonnant Oberon de Tansel Akzeybek et le Puck très exubérant de Silvia de La Muela.

Le spectacle très réussi de Daniele Abbado utilise la vidéo, particulièrement utile sur la scène grande ouverte, avec seulement une passerelle pour faire descendre les chœurs, pour évoquer paysages et climats et pour donner à cet Orient de fantaisie, ainsi qu’on le concevait à l’époque romantique, avec ses étapes situées à Bagdad, Tunis via la mer Méditerranée, la part de résonance actuelle que l’on attend. Rani Calderon a dirigé avec beaucoup de soin et de finesse cette merveilleuse partition à la tête de l’Orchestre national du Capitole.

Théâtre du Capitole de Toulouse (tél. 05.61.63.13.13 et www.theatre-du-capitole.fr). Prochains spectacles : « Belshazzar », de Haendel, direction René Jacobs, du 20 au 27 mai ; « La Sylphide » et « Coppélia », du 24 au 29 mai ; « Cosi fan Tutte », de Mozart, du 17 au 30 juin.

OLIVIER BRUNEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8958