« Le Dernier pour la route », de Philippe Godeau

Une douloureuse libération

Publié le 22/09/2009
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L’ALCOOLISME est une maladie. Les médecins, pour la plupart le savent, pas les malades et encore moins ceux qui ne le sont pas. C’est l’un des messages d’Hervé Chabalier*, le patron de l’agence Capa, qui raconte, dans le livre de 2004 dont s’inspire le film, comment il a réussi à devenir abstinent (depuis sept ans) dans un centre qui applique la méthode Minnesota, utilisée par les Alcooliques anonymes, centrée sur les groupes de parole. C’est aussi le message d’espoir du film, le premier réalisé par le producteur et distributeur Philippe Godeau qui, à peine refermé l’ouvrage, en avait acheté les droits.

Nous suivons donc Hervé, le héros, depuis son entrée dans le centre jusqu’à sa sortie, avec quelques rares flash-backs et un extrait de film de famille qui est celle de Chabalier. Le combat contre la dépendance est d’autant moins facile que c’est toute son existence, familiale et professionnelle, qu’il faut remettre en question. Tous, dans le groupe dont fait partie Hervé, ne le gagneront pas.

Pour être dramatique, parfois même sordide, l’histoire est moins sombre qu’on pourrait le croire. Elle s’éclaire même peu à peu. C’est le travail de la mise en scène et des acteurs de montrer ce cheminement, cette évolution vers une forme de libération. Les moments de tension alternent avec d’autres plus légers, voire poétiques. Si le réalisateur souligne parfois le trait, angoisse du débutant sans doute, les acteurs sont quasi irréprochables, François Cluzet en tête, mais aussi Mélanie Thierry, Michel Vuillermoz ou Maryline Canto. La musique de Jean-Louis Aubert accompagne sans alourdir un film qui, à défaut d’originalité cinématographique, parle sobrement et intelligemment d’un sujet a priori sans attrait.

* En 2005, Chabalier a réalisé, à la demande du ministre de la Santé, un rapport intitulé « Alcoolisme : un déni national ».

RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr