Une merveilleuse curiosité

QUELLE MERVEILLEUSE comédie ! Et comme elle résonne malicieusement à nos oreilles en ce printemps 2013 : Isaac de Benserade (1612-1692), noble normand qui fut académicien, a écrit un conte. Il était une fois un père (Charlie Nelson) qui ne voulait pour enfant qu’un garçon. Mais c’est d’une fille qu’avait accouché sa femme (Anne Guégan). Aussi éleva-t-elle cette enfant comme un garçon. Devenu(e) grand(e), Iphis (Suzanne Aubert) rencontra l’amour partagé en la personne de Iante (Chloé Chaudoye). Son père et celui de Iante, Téleste (Éric Frey) voulaient conclure un mariage. Il eut lieu, il fut consommé… et la déesse Isis vint mettre de l’ordre dans tout cela.

Avec son dramaturge, Bernard Chartreux, le metteur en scène Jean-Pierre Vincent fait paraître en prologue la déesse Isis (Catherine Épars). Cette ouverture baroque nous plonge au cœur de l’argument d’une comédie amusante qui, évidemment, a des échos très particuliers en ces temps de débats autour du « mariage pour tous » !

Isaac de Benserade s’intéresse à la jeunesse et imagine un autre jeune homme fou amoureux, lui-même tourmenté par une jeune fille transie. On s’amuse beaucoup. La production est très soignée : décors crétois dans des ocres soutenus le jour, des bleus argentés la nuit. Lumières, costumes, tout ici s’inscrit harmonieusement. C’est très bien joué. Les deux jeunes protagonistes avaient déjà travaillé avec Jean-Pierre Vincent (« Cancrelat », de Sam Holcroft). La direction est fluide, le rythme soutenu. On ne veut pas en dire plus, car le plaisir de découvrir une pièce méconnue est enthousiasmant.

Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis (tél. 01.48.13.70.00, www.theatregerardphilipe.com), lundi, mardi, jeudi, vendredi 20 heures, samedi 18 h 30, dimanche 16 h 30. Durée : 1 h 50. Jusqu’au 6 mai. Le texte est publié, avec un ensemble documentaire, par « l’Avant-Scène théâtre » (12 euros).