Cordes raides

Une palette de guitaristes

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Publié le 18/03/2019
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Jazz-Luc-Florid

Jazz-Luc-Florid
Crédit photo : S. BEN DUC KIENG

Jazz- Y Silberstein

Jazz- Y Silberstein
Crédit photo : LAUREN DESBERG

Jazz-Escoudé

Jazz-Escoudé

Nguyên Lê est connu pour avoir misé sur les ouvertures musicales et les hybridations. Une démarche dans la sphère du world jazz et de l'ethno jazz peut-être due à sa double culture, française et vietnamienne. Toujours est-il que ce guitariste défricheur, dans des territoires où se mêlaient souvent thèmes traditionnels et effets rockisants, a toujours su garder un pied dans le jazz, même binaire.

D'où cette forme de retour aux sources avec son nouvel album, « Strams » (ACT), enregistré avec un trio international (Illya Amar, vibraphone, France ; Chris Jennings, contrebasse, Canada ; John Hadfield, batterie/percussions, États-Unis). Sur des compositions originales, le leader fusionne son jazz mélodique, carré rythmiquement et largement improvisé, avec des idées venues d'ailleurs. Des jazzmen voyageurs qu'il sera possible d'entendre le 19 mars au New Morning, à Paris.

Nomadisme musical

Originaire de Tel Aviv, installé à New York depuis 2005, Yotham Silberstein est également un voyageur. Élevé à l'école de prestigieux pairs comme Wes Montgomery, Kenny Burrell ou Grant Green, le jeune guitariste a acquis sa réputation auprès du regretté Roy Hargrove, de Marcus Miller, de David Sanborn et des contrebassistes Christian McBride et John Patitucci (ex-Chick Corea, membre permanent du quartet de Wayne Shorter).

C'est avec la complicité et la solidité rythmique de ce formidable bassiste qu'est Patitucci que Silberstein vient de graver « Future Memories » (Jazz & People/PIAS). Si le jazz, certes lyrique mais souvent plein de groove, est le moteur principal de ce disque à travers ses compositions originales, les musiques latino-américaines, notamment brésiliennes, y trouvent leur compte. Encore un exemple vibrant et inspiré de nomadisme musical coloré.

Dans lequel l'auditeur curieux est embarqué avec le tandem Marylise Florid/Sylvain Luc. Dans « D'une rive à l'autre » (Jade/Universal), la guitariste de facture classique et le jazzman (prix Django Reinhardt 2011, meilleur musicien français, de l'Académie du jazz) explorent et se réapproprient J.S. Bach, mais aussi la valse, la sarabande, le choro, et présentent des œuvres originales afin de faire vivre ensemble des composantes culturelles et musicales hétérogènes. Un pari audacieux, parfaitement maîtrisé. Concert le 25 mars au Théâtre Marigny, à Paris.

Django toujours

Christian Escoudé a chevillé au corps, depuis son plus jeune âge, l'esprit manouche de Django Reinhardt, même s'il a accompagné aussi bien Martial Solal que John Lewis et Didier Lockwood. À tel point qu'il est allé dénicher des thèmes inédits, jamais enregistrés voire jamais joués, du génial guitariste, y associant des thèmes et arrangements personnels. « Django, les inédits » (Cristal Records/Sony Music) est un ensemble parfaitement homogène, très inspiré, lyrique, swinguant et original dans sa démarche héréditaire. Seul bémol, la présence d'une vocaliste sur certains titres, qui n'apporte rien de spécial.

À noter que se tiendra du 22 au 24 mars le festival Guitares au beffroi, à Montrouge (Hauts-de-Seine), avec entre autres Bill Deraime, Lucky Peterson et l'Amazing Keystone Big Band (invité Angelo Debarre).

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9733