* Hérissées entre la sortie du métro Fort d’Aubervilliers et le site magique du Théâtre équestre Zingaro, les grues d’un gros chantier rappellent que la Seine-Saint-Denis sera riche d’équipements sportifs pérennes dans les années qui viennent, à l’occasion des jeux Olympiques. Les habitants se sont battus ici pour que les jardins ouvriers ne deviennent pas un solarium… Les bâtiments de bois édifiés par l’architecte Patrick Bouchain ont des allures de village d’Europe centrale. On s’y sent d’autant plus en voyage que l’on découvre, à peine passée l’entrée, les roulottes des artistes et de leur grand chef, Bartabas. Il y a un rite, ici, qui rappelle un peu celui du Théâtre du Soleil : un grand espace est dédié à l’accueil, aux consommations légères, à la librairie et aux souvenirs des spectacles précédents. C’est convivial et chaleureux, c’est indissociable du bonheur que procurent les créations du maître écuyer, écrivain, cinéaste, poète. Ensuite, on chemine, en traversant une partie des écuries, jusqu’au chapiteau du manège du jeu.
Après un premier volet du « Cabaret de l’exil », les saisons précédentes, nous voici transportés beaucoup moins loin que d’habitude. C’est en effet en Irlande que nous conduisent les cavaliers, acrobates, musiciens, et un chanteur admirable, Thomas McCarthy. Et pourtant, nous sommes dans un monde que peu de personnes connaissent, celui des « Irish Travellers ». Ces voyageurs irlandais sont des nomades, comme en exil dans leur propre terre. Ils ont leur langue, leur culture. Ils sont souvent rejetés. La scénographie demeure la même : ceinturant la piste, des petites tables autour desquelles on s’installe. Il y a aussi, en hauteur, des places plus classiques. Le spectacle est merveilleux, même si les chansons a cappella déchirent le cœur. Quatre musiciens, violon, accordéon, piano, cornemuse, tambour sur cadre, apportent des couleurs plus enjouées, tandis que sur la piste les numéros se succèdent. On retrouve des images connues, reprises et légèrement transformées. C’est comme des airs que l’on fredonnerait. Quinze cavalières et cavaliers hyperdoués, plus de 20 chevaux que l’on aime et reconnaît, tel Angelo ou Zurbaran, Tsar et aussi la mule et l’âne. Des poneys bien sûr et, pour cette balade irlandaise, des moutons, beaucoup de moutons ! On retrouve son cœur d’enfant. On admire, on est bouleversé, on est étonné, ravi, ému (Jusqu’au 31 décembre, zingaro.fr)
* Plus classique est le face-à-face imaginé par Antoine Rault, qui propose au Théâtre des Variétés, avec « Au scalpel », l’âpre confrontation de deux frères. Pourquoi l’un, incarné par Davy Sardou, vient-il sonner un soir à la porte de son frère, Bruno Salomone. Que veut-il ? Tout les a toujours opposés. L’un est photographe, l’autre chirurgien brillant. On l’apprend au fil de la représentation : l’un était amoureux de la femme de son frère, l’autre a vraiment séduit la femme de son frère… Dirigés avec fermeté et intelligence par Thierry Harcourt, les deux interprètes sont talentueux et peuvent d’autant mieux opposer violemment les personnages, qu’ils s’entendent… comme deux frères des planches (theatredesvarietes.fr)
* Seul en scène, et bouleversant, le comédien Airy Routier, a adapté le livre devenu culte d’Emmanuel Bove, « Mes amis ». Dans la petite salle des Déchargeurs, il s’adresse au public et l’on croit immédiatement à ce Victor Bâton, étrange personnalité. Cela se passe dans les années 1920. Il ne travaille pas. Ne cherche en rien à travailler. Il vit seul, mais la solitude lui pèse et il rêve de se faire des amis. Un ami, ne serait-ce qu’un ami. Mais toutes ses tentatives échouent. Patronne de café, marinier qui veut mourir, riche industriel, il fait échouer toutes ses chances, mais ne se remet jamais en question. La sincérité d’Airy Routier subjugue. C’est touchant, souvent drôle, mais tellement triste, en même temps. (lesdechargeurs.fr)
* Seule en scène, également, mais merveilleusement accompagnée par un metteur en scène aussi délicat qu’audacieux, Céline Samie. Au Lucernaire, elle est Céleste Albaret, la si intelligente et dévouée gouvernante de Marcel Proust. C’est Ivan Morane qui signe l’adaptation et la mise en scène des entretiens accordés par Céleste Albaret au journaliste Georges Belmont dans les années 1970-1972. Des heures d’échange que l’on peut d’ailleurs écouter et un très beau livre. Céleste a inspiré excellentes interprètes, notamment Marianne Denicourt. Avec son art tonique, Ivan Morane a opté pour une adaptation qui met en valeur la personnalité très attachante de Céleste. Née en 1891, elle s’était mariée à 21 ans avec un homme très gentil, âgé de dix ans de plus qu’elle. Il était le chauffeur occasionnel de Marcel Proust, qui envoya un télégramme de félicitations le jour du mariage. Déjà attentif à Monsieur Albaret, le si aimant Marcel… C’est un très grand moment de théâtre que ce « Monsieur Proust ». Céleste a plus de 80 ans lorsqu’elle parle. Mais c’est bien toute sa jeunesse qu’incarne Céline Samie, dans une très belle robe noire. Cheveux tirés en arrière, retenus en un petit chignon sous résille, la comédienne, grande et fine, visage pur, dents du bonheur, se déplace, change de registre, nous permet de comprendre les sentiments et de Céleste et de Proust. C’est un travail d’une finesse formidable. On rit, on a les larmes aux yeux. On admire la relation fascinante de l’écrivain de génie avec cette petite paysanne à qui il fait lire « les Trois Mousquetaires » et qui accompagna cet homme unique jusqu’à sa mort (Lucernaire, www.lucernaire.fr).
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