Sans surprise, c’est le cancer du sein qui tient la corde : le nombre de cas n’a jamais été aussi élevé (61 214 en 2023) et il est toujours le cancer le plus fréquent chez les Françaises (un tiers des cancers féminins !), et même tous sexes confondus d’ailleurs… Les cancers gynécologiques (endomètre, le plus fréquent, ovaire, vulve et vagin), eux, sont bien loin derrière mais ils comptent malgré tout pour 7 000 des décès par an en France. Comme si cela ne suffisait pas, BMJ Oncology annonçait en septembre dernier que le nombre de nouveaux cas de cancers chez les moins de 50 ans dans le monde devrait augmenter de 31 % d'ici à 2030, touchant en priorité les quadragénaires.
Une survie globale à cinq ans bien trop faible
De plus, beaucoup des cancers féminins ont une survie globale à cinq ans bien trop faible (45 et 43 % respectivement pour les cancers du vagin et de l'ovaire, et même, triste record, 12 % pour le cancer du sein triple négatif métastatique). Signe des temps, il existe même maintenant une journée mondiale du cancer du sein triple négatif, le 3 mars. Ce cancer affecte environ 15 % des patientes en France (soit 9 000 nouveaux cas chaque année). Insensible aux traitements hormonaux et à la thérapie ciblée anti-HER2, il est l’un des cancers du sein les plus agressifs et les plus difficiles à traiter (les trois quarts des patientes ne répondent d’ailleurs pas au traitement). Pire, il est souvent diagnostiqué chez des femmes plus jeunes : 40 % ont moins de 40 ans !
Enfin, en oncologie comme ailleurs, les déterminants sociaux et économiques ont un impact majeur tout au long du continuum de soins : de la prévention au diagnostic, pendant le traitement et sur la survie. Or, autre caractéristique des cancers féminins dont on se passerait bien, ils accentuent encore un peu plus les inégalités hommes-femmes, en particulier chez les plus défavorisées. On compte par exemple 56 % de fatigue chronique après traitement chez les femmes versus 36 % chez les hommes. L’amélioration de la mortalité par cancer est également inférieure chez les femmes (- 0,7 % par an) par rapport aux hommes (- 2 % par an).
Un institut dédié, enfin !
Une bouffée d’air frais cependant : l’Institut des cancers des femmes, porté par l’Institut Curie, l’université PSL (Paris Sciences & Lettres) et l’Inserm a été officiellement inauguré le 25 juin dernier. Labellisé institut hospitalo-universitaire (IHU), il vise à faire progresser la connaissance sur les cancers féminins grâce à l’excellence scientifique multidisciplinaire tout en développant une prise en charge holistique des femmes atteintes.
L’excellence « à la française », c’est manifestement ce que vise la Pr Anne Vincent-Salomon, directrice de l’Institut des cancers des femmes : « Nous aspirons à réaliser des découvertes en recherche fondamentale et clinique qui feront émerger l’innovation et révolutionneront la prévention et le soin. Chercheurs, cliniciens, patientes, ingénieurs, soignants, experts en sciences humaines et sociales… sont réunis au sein de ce projet. Notre ambition est d’être le centre national de référence dédié aux cancers des femmes et d’enclencher une véritable dynamique sociétale et humaine au-delà même de notre IHU ».
Les spécificités individuelles de chaque patiente seront particulièrement prises en considération
La médecine de précision sera au cœur des préoccupations. Le Women’s Cancer Atlas, par exemple, devrait inclure, à terme, les échantillons de plus de 35 000 patientes. Ses données alimenteront des algorithmes d’IA pour prédire le risque de rechute et la réponse au traitement. Projet encore plus futuriste, l’Atlas permettra la création de « jumelles numériques » (représentations virtuelles d’une patiente) pour, par exemple, simuler sa réponse à un traitement et donc limiter le risque de lui délivrer un traitement inefficace.
Les spécificités individuelles de chaque patiente seront par ailleurs particulièrement prises en considération pour optimiser sa qualité de vie de manière aussi personnalisée que possible. Lieu d’échange à disposition des associations de patientes, le Women’s Living Lab aura pour but de faire émerger des idées nouvelles et, surtout, de leur donner une chance d’être développées et d’être utiles pour le plus grand nombre.
Il est parfois des initiatives qui forcent l’admiration. En ces temps troublés, cela fait du bien de voir que l’union, voire la « révolution », peuvent donc encore parfois faire la force…
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