Le confinement est en passe d’être allégé. Dans certains coins de France, les mesures de privation des libertés sont en vigueur depuis plus de 6 mois. Au temps pour moi, un abus de langage m’a fait parler de « confinement » alors qu’il faut dire que ce sont les mesures de freinage qui sont sur le point d’être adoucies. C’est sans doute qu’il y a désormais moins besoin de freiner la progression de l’épidémie. Sans doute que l a troisième vague a suffisamment reflué pour nous permettre ce retour à une vie plus normale, où la normalité serait toute forme de vie sociale connue avant 2020. Adieu les objectifs de décembre qui pourtant semblaient pragmatiques et totalement en phase avec la stratégie « tester, tracer, isoler ». Ce triptyque est d’ailleurs devenu l’alpha et l’oméga de toute communication gouvernementale.
Que penser de cette stratégie, l’une des plus cohérentes sans doute, pour tenter d’empêcher une nouvelle reprise épidémique ? Garde-t-elle sa cohérence quand il est question de laisser sortir de chez eux de 10 heures à midi les patients pourtant isolés après la mise en évidence du variant dit « Indien » que l’on sait plus contaminant que le variant dit « Anglais » ? Variant lui-même déjà à l’origine de l’aggravation de la situation sanitaire de notre pays depuis début 2021.
Il fallait bien pourtant lever ces mesures de freinage car les Françaises et les Français n’en peuvent plus. Ils ont besoin de souffler. Ils ont besoin de retrouver un semblant de vie sociale. Besoin d’oublier un peu ce rappel à notre vulnérabilité face à un virus pourtant invisible. Il fallait bien ouvrir un peu les vannes pour nous permettre de respirer un peu, mais aussi de consommer et, pourquoi pas, de voter.
Vacances pour tout le monde ?
Il fallait aussi permettre à toutes et à tous de songer à prendre un peu de repos, de vacances bien méritées, tant ce début d’année a été parfois psychologiquement difficile, entre restrictions sans fin, flambée épidémique et découverte incessante de nouveaux variants. Il ne manquerait qu’une météo plus clémente pour que le tableau du déconfinement soit presque parfait.
Presque, parce que la tension sur le système de santé reste élevée. L’esprit humain s’habituant à tout, il en arrive à trouver rassurant que nos services de réanimation ne soient plus saturés qu’à 100 %, puisque par endroits et par moments nous avons dépassé les 150 %. Les soignants sont fatigués et rêvent de vacances et d’été, eux aussi, tout en vivant avec l’épée de Damoclès d’une possible annulation de celles-ci, si les besoins en personnels se faisaient sentir. Hors milieu hospitalier, les soignants fatigués se mobilisent pourtant sans relâche pour tenter de ne pas faire de ce déconfinement un échec, en vaccinant le plus possible, malgré les problèmes d’approvisionnement ou la non-mise à disposition jusqu’à présent des vaccins à ARN messager dans les cabinets ou les pharmacies de ville. C’est en effet à ce prix que nous éviterons peut-être une quatrième vague à l’automne… voire cet été si le relâchement de nos concitoyens devait être trop rapide ou brutal, ou si un nouveau variant venait à pousser encore la porte de nos frontières.
Les soignants sont à la tâche sans relâche depuis plus d’un an. Travail de fourmis continuel, malgré les prêcheurs de traitements miracles, les négationnistes ou les rassuristes mettant en doute la saturation des services. Ils ont continué et continueront encore, mais combien de temps tiendront-ils à marche forcée, si tout, autour d’eux, laisse à penser que l’épidémie est terminée et que sur leur lieu de travail, la réalité du terrain leur offre une vision tout autre ?
Tout le monde a besoin de vacances. Tout le monde a besoin d’oublier l’espace de quelques jours ou quelques semaines la difficulté de ce que nous avons collectivement vécu. Tout le monde a besoin de sorties, de restaurants, de verres en terrasse, de cinéma, de vie sociale… Tout le monde a besoin de chanter à tue-tête que nous avons survécu jusqu’à présent, à l’image des applaudissements prétendus destinés aux soignants en 2020, mais qui étaient aussi et surtout un exutoire des peurs et de la perte de l’illusion d’invulnérabilité de nos existences. Tout le monde a besoin de chanter, telles les cigales en été, dans le sud de notre beau pays. Et si une quatrième vague devait submerger nos soignants-fourmis, je suis prêt à parier que, tout en se retroussant encore les manches, ils n’auront même plus la force de répondre « Eh bien, dansez maintenant ».
Exergue : Sur le terrain, c'est un travail de fourmis continuel, malgré les prêcheurs de traitements miracles, les négationnistes ou les rassuristes...
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