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Publié le 14/04/2023
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Comment le logement influe-t-il sur la santé ? La question n’appelle pas à une réponse unique, comme en témoigne notre dossier. Alors que la Fondation Abbé Pierre chiffre à 4,1 millions le nombre de personnes souffrant de mal-logement ou d’absence de logement personnel, ces difficultés ont un impact direct sur l’accès aux soins et la santé. Des dispositifs se développent comme Un chez soi d’abord, qui s’adresse aux personnes sans-abri les plus fragiles, souffrant de troubles psychiques, avec l’objectif de leur permettre d’avoir un toit mais aussi d'accéder aux soins.

Le mal-logement est également à prendre en compte. Les derniers chiffres de l’Insee, publiés fin 2022, témoignent d’un accroissement des « défauts de confort » liés aux bruits (20,6 % des résidences principales sont jugées trop bruyantes par leurs occupants en 2020, contre 16,3 % en 2013). Autres carences pointées du doigt : un toit percé, de l’humidité, des moisissures (16,4 % en 2020 contre 12 % en 2013). Autant de facteurs pouvant influer sur la santé des habitants. La précarité peut également être source d’anxiété, de dépression, de troubles du sommeil… La Fondation Abbé Pierre souligne aussi que plus de 12 millions de personnes sont fragilisées par la crise du logement.

Et pas besoin d’un habitat insalubre pour générer des risques pour la santé. Les pollutions intérieure et extérieure affectent aussi la santé humaine. Expositions aux particules fines, au dioxyde d’azote, à l’oxyde d’azote… les études ne manquent pas ces derniers mois sur l’impact de la pollution de l’air sur la santé. Tandis que d’autres s’intéressent aux polluants liés aux matériaux de construction comme les composés organiques volatiles (COV) et nanoparticules. « La réduction des expositions environnementales est une priorité permanente, compte tenu du nombre important et croissant de pathologies humaines et animales en lien avec l’environnement. Lutter contre les nuisibles comme les punaises de lit, améliorer la qualité de l’air intérieur, protéger la tranquillité sonore des citoyens sont autant d’actions prévues par le PNSE 4 [4e plan national santé environnement (2021-2025), NDLR], tout comme la réduction des expositions aux nanomatériaux, aux nuisances lumineuses ou aux ondes électromagnétiques », écrit ainsi le gouvernement dans son point d’avancement du plan.

Logement et santé sont ainsi intimement liés. Les médecins ont-ils un rôle à jouer ? Les praticiens, déjà débordés, ne vont pas diagnostiquer les habitats de leurs patients. Mais les appels à la sensibilisation se multiplient. La Dr Stéphanie Vandentorren, coordinatrice du programme Inégalités sociales de santé à Santé publique France, estime, dans nos pages, que « les professionnels de santé pourraient être des acteurs de repérage plus efficaces », afin d’orienter les patients vers des spécialistes du domaine. Quant à Olivier Toma, fondateur de l’agence Primum non nocere, il souligne que des médecins formés pourraient « passer des messages à leurs patients », notamment sur la qualité de l’air intérieur.


Source : Le Quotidien du médecin