Des progrès scientifiques importants ont permis le développement de nouveaux traitements anti-migraineux. Ces traitements (anticorps monoclonaux anti-CGRP et Gépants) sont une révolution thérapeutique pour les migraineux sévères et présentent un profil de tolérance nettement meilleur que les anciens médicaments. Pourtant, ces traitements ne sont pas remboursés en France, contrairement à de nombreux pays européens, créant une réelle inégalité. Les neurologues français et les associations de patients se battent pour le remboursement de ces molécules.
En effet, la France et la Pologne sont les seuls pays de l’Union Européenne à ne pas rembourser à ce jour ces traitements, créant une inégalité flagrante et inacceptable pour les patients. Une étude récente de l’Alliance européenne contre la migraine et les céphalées (EMHA – European Migraine and Headache Alliance) révèle que seulement 2 000 à 3 000 patients en France ont accès à ces nouveaux traitements qui ne peuvent être prescrits que par les médecins neurologues. Malheureusement, pour la grande majorité des personnes qui souffrent de migraine, ces médicaments demeurent difficiles d’accès. Par ailleurs, leur coût mensuel, oscillant entre 200 et 300 euros, les rend encore moins abordables pour la plupart des patients, qui doivent financer le traitement de leur poche.
Un remboursement dans la majorité des pays européens
L'absence de remboursement de ces médicaments en France, contrairement à la majorité des pays européens, crée une inégalité d'accès aux soins et constitue un préjudice pour les patients français. Cette situation est d'autant plus inacceptable que certains hôpitaux français experts dans le domaine - tels que l’AP-HP ou les HCL - ne peuvent pas prendre en charge la forme intraveineuse (eptinezumab), accentuant le sentiment d'inégalité sur le territoire national. Il existe donc une iniquité de la qualité de prise en charge des patients migraineux en fonction de leurs moyens financiers, ce qui est inacceptable.
74 % des patients estiment que les professionnels de santé ne prennent pas leur maladie au sérieux
Les obstacles ne s'arrêtent pas là. Les patients qui ont la migraine doivent souvent faire face à un parcours du combattant pour obtenir un diagnostic et un traitement approprié. Selon les données de l’EMHA, 35 % des patients évitent de consulter un médecin par honte ou par peur du jugement, et 74 % estiment que les professionnels de santé ne prennent pas leur maladie au sérieux. 43 % des patients doivent s’adresser à plus de trois médecins avant d'obtenir un diagnostic final, et enfin seuls 22 % des médecins généralistes consultés suivent correctement l'état de leurs patients. D’après les données recueillies par l’EMHA, il peut s'écouler jusqu'à huit ans entre l'apparition des premiers symptômes de la migraine et l'établissement d'un diagnostic précis ainsi que le choix du traitement approprié.
Nous appelons le gouvernement français et les autorités sanitaires à agir et à approuver le remboursement de ces nouveaux traitements. En raison de l’absence d’études comparées en France, les anti-CGRP ont été classés ASMR V par la Haute Autorité de santé, signifiant, à tort, une absence d'amélioration de ces traitements par rapport aux médicaments existants. Leur remboursement est ainsi conditionné à un coût inférieur à celui des alternatives déjà disponibles sur le marché. Cette condition est difficile à satisfaire étant donné que les nouveaux traitements reposent sur une technologie innovante et coûteuse, contrairement aux traitements anciens disponibles sur le marché français depuis des décennies, moins chers à produire, mais aussi moins efficaces et pas toujours développé contre la migraine.
Assurer une égalité d’accès aux innovations
Il est impératif d'assurer l'égalité d'accès aux avancées médicales pour tous les citoyens européens. La science a développé des traitements efficaces contre un mal qui afflige des millions de Français. Il est impératif que nos responsables politiques et sanitaires agissent et offrent enfin aux patients qui souffrent de migraine sévère les soins disponibles chez nos voisins européens.
La migraine est une maladie neurobiologique qui peut s’avérer très handicapante, mais avec les traitements appropriés, les patients peuvent retrouver une qualité de vie décente. De plus, cette affection coûte des milliards d'euros aux caisses de l’État chaque année en termes d'absentéisme, de baisse de productivité et de coûts liés aux soins d'urgence. Il est indéniable que chez 20 % des personnes qui ont la migraine, les crises ont un impact significatif sur leur vie socioprofessionnelle.
La France doit s'aligner sur ses voisins européens et assurer un accès équitable aux traitements innovants désormais disponibles sur le marché. Il en va non seulement de la santé publique, mais aussi de la justice sociale et du respect de la dignité des patients français. Les solutions sont là. L'inaction n'est plus une option.
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