Si les App Stores et autres boutiques en ligne fourmillent d’applications « health » gratuites et téléchargeables, ces solutions à la mode ne doivent pas être confondues avec les thérapies digitales, basées sur des preuves cliniques tangibles et qui relèvent d’une toute autre catégorie.
Depuis plusieurs années, les thérapies digitales font parler d’elles mais elles n’ont acquis un nouveau statut que récemment avec l’accès au remboursement par la Sécurité sociale et les complémentaires santé de trois d’entre elles en France : MoovCare, un outil de suivi des effets secondaires des chimiothérapies anti-cancéreuses, en juin 2020, Diabeloop, un « pancréas artificiel », en septembre 2021 et Odysight, un jeu thérapeutique destiné au diagnostic des patients atteints de maladie de la rétine, en mars dernier.
Pour parvenir à cette homologation, les trois applications ont dû démontrer au travers d’études cliniques rigoureuses leur valeur médicale comme n’importe quel médicament ou dispositif médical. Ces succès en appellent d’autres. Et il est temps de mettre en lumière l'intérêt de ces nouveaux outils digitaux pour la santé publique.
Une réponse à trois problématiques majeures
En premier lieu, les thérapies numériques se révèlent indispensables à une prise en charge optimale des patients en rééducation, en suivi de pathologies dégénératives ou chroniques, et aux thérapies de longue durée. Partout où les protocoles requièrent quasiment une visite quotidienne avec un soignant et sont pratiquement impossibles à assurer.
Elles constituent ensuite une réponse au défi des déserts médicaux, qu’il s’agisse des territoires ruraux éloignés des grands centres hospitaliers ou de zones urbaines paupérisées et sous-dotées en professionnels de santé.
Enfin, les thérapies digitales sont extrêmement utiles pour améliorer la coordination entre les multiples intervenants du parcours de soins, de même qu’entre les patients, leurs familles et les administrations auprès desquelles elles font valoir leurs droits.
L’empowerment au cœur des thérapies digitales
Par-delà leurs avantages les plus tangibles, les thérapies digitales portent cette capacité à impliquer les patients dans la démarche de soin. C’est ce que les anglo-saxons appellent l’empowerment. Le patient devient acteur de sa thérapie dès lors qu’il a entre les mains un outil qui lui permet de prolonger le soin, une extension de l’action du soignant, un moyen de communiquer avec lui. L’interactivité, la continuité, le caractère ludique : tels sont les leviers qui permettront d’améliorer dans un grand nombre d’aires thérapeutiques l’adhésion au traitement et le suivi des thérapies au long cours.
Cet « empowerment » concerne aussi les soignants. Ces nouveaux outils – et c’est souvent leur vocation première – leur permettent de limiter le temps consacré au recueil des données de santé et à leur analyse brute, pour se concentrer sur le cœur de leur métier : l’examen médical. Ils leur donnent aussi la capacité à ne pas perdre leur patient de vue. Cette relation augmentée entre patient et soignant participera à l’amélioration de la qualité des soins autant qu’à la montée en expertise des soignants, grâce à un retour d’expérience et de données plus dense.
Un cap a été franchi avec les homologations par l’Assurance Maladie et l’article 33 du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 qui prévoit que les dispositifs médicaux numériques pourront bénéficier d’une prise en charge anticipée et transitoire pendant l’évaluation de leur dossier par la Haute Autorité de Santé. La dynamique enclenchée par la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS) pour accélérer le développement de solutions de e-santé est également structurante pour le secteur !
Nous disposons d’un cadre réglementaire, d’un cadre d’évaluation et, bientôt d’un cadre de remboursement. À présent, il faut aller plus loin en encourageant une harmonisation à l’échelle européenne des exigences cliniques et des procédures de mise à disposition des patients. L’enjeu est de créer un véritable marché européen des thérapies digitales qui permettra aux entreprises du secteur de se développer, d’atteindre une taille critique et, in fine, de réussir.
Exergue : Nous disposons d’un cadre règlementaire, d’un cadre d’évaluation et, bientôt d’un cadre de remboursement. Il faut aller plus loin à l'échelle européenne.
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