Une profession qui se féminise est une profession qui se dévalorise a dit un jour une sociologue... À la veille de la Journée de la Femme, on peut méditer sur cet aphorisme dans un monde de la santé dans lequel les femmes jouent un rôle croissant. Hasard du calendrier, certaines de ces blouses blanches ont d’ailleurs occupé le devant de la scène ces dernières semaines. Et tout simplement la rue, si l’on se réfère au conflit des sages-femmes, profession qui reste féminisée à 98%, et à celui tout récent des étudiants infirmiers qui à 85% s’accordent toujours au féminin pluriel.
Cette actualité récente ne concerne a priori les généralistes que de loin. En tout cas pour l’instant. Pour l’heure elle montre que ces métiers encore si « genrés?» – pour reprendre un adjectif à la mode – ont trouvé les moyens de s’imposer. Ce n’est pas nouveau, si l’on se souvient des longs conflits infirmiers des années 90 ou des mouvements de revendication à répétition des sages-femmes. Reste qu’une fois encore, les unes ont obtenu au pied levé les lieux de stage qu’elles redoutaient de ne plus trouver. Et quant aux autres, elles décrochent une autonomie qu’elles n’ont sans doute pas volé. Morale de l’histoire : même si une partie des maïeuticiennes réclament davantage, il faut quand même convenir que le ministère de la Santé s’est montré aux petits soins sur un dossier à chausse-trape. Et, dans un monde qui vise à l’égalité, le fait qu’elles soient femmes n’est peut-être pas, après tout, étranger à cette sollicitude.
Mais revenons aux généralistes, une profession qui ne cesse de faire plus de place aux femmes. Elles sont majoritaires parmi les internes, atteignent presque la parité dans la discipline et représentent pas loin du tiers des effectifs en médecine libérale. Ce n’est qu’un début qui a déjà produit ses effets sur les modes d’exercice et peut-être sur la pratique médicale. Pourtant, depuis le début du XXIe siècle, on ne peut pas dire que cela soit allé de pair avec la dévalorisation d’une discipline, devenue une spécialité (presque) comme les autres et dont la place – notre dossier le montre cette semaine – paraît de plus en plus centrale dans le système de santé. Marisol Touraine semble l’avoir compris, qui insiste sur sa volonté de faire jouer un rôle pivot aux généralistes dans la « Stratégie nationale de santé » qu’elle doit concrétiser bientôt dans un projet de loi. Pour la fille d’Alain Touraine, ce devrait être – espérons-le – une nouvelle occasion de faire mentir les prédictions… des sociologues !
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