Difficile de faire le compte des multiples missions, rapports, audits et consultations lancés par François Braun depuis son arrivée à la tête du ministère de la Santé et de la Prévention. Sans oublier le vaste brainstorming territorial du Conseil national de la refondation en santé, dont les premières conclusions laissent la profession sur sa faim. Celui qui avait mené la « mission flash » sur les urgences pour éviter la catastrophe annoncée à l’été 2022 déploie sa méthode progressive depuis bientôt un an. Alors que la profession s'impatiente, il défend cette approche et son bilan d'étape dans un long entretien accordé au « Quotidien » (lire page 10). Après les chantiers commencés en 2022, une nouvelle salve de travaux a été annoncée par François Braun lors de ses vœux aux « forces vives » en janvier, en écho aux engagements d'Emmanuel Macron. Mais le corps médical ne veut plus se contenter de paroles.
De fait, les sujets brûlants ne manquent pas, dans les établissements comme en médecine libérale. François Braun l’assure aujourd'hui : tous les dossiers sont pris à bras-le-corps et les résultats vont arriver. « Que ce soit pour l’hôpital et la ville, la médecine et les paramédicaux, nous sommes sortis de l’ornière et nous allons commencer à mettre la marche avant », plaide-t-il dans nos pages, affichant même son optimisme « pour les mois qui viennent ». Pas sûr que les blouses blanches partagent cet état d'esprit.
Car sur le terrain, la colère gronde. Les professionnels de santé affrontent des difficultés croissantes, liées aux tensions extrêmes sur la démographie médicale et au manque d’attractivité des carrières hospitalières ou du secteur libéral. Les inquiétudes autour des violences – avec un record historique de signalements – noircissent ce tableau. Sans parler de l’état de santé dégradé des soignants pour lequel le ministère a établi un diagnostic, avec la promesse d'un plan d'action. Pas en reste, les futurs praticiens attendent toujours les modalités de la quatrième année de DES de médecine générale dont la première promotion doit démarrer à la rentrée 2023.
En médecine de ville, l’échec des négociations conventionnelles avec la Cnam et l’entrée en vigueur du règlement arbitral ont constitué un signal négatif pour la profession mais aussi pour les élus et la population. Ce rendez-vous manqué a renforcé le poids des offensives parlementaires sur la permanence des soins ou la liberté d’installation. La proposition de loi du député (Horizons) Frédéric Valletoux, qui sera examinée en séance dès lundi prochain, en est la parfaite illustration. Et si le ministre affirme haut et fort son opposition à la coercition, jusqu’à quand cette digue tiendra-t-elle ? Il est plus que temps d’agir pour restaurer la confiance des médecins et susciter durablement des vocations.
Prévention, vous avez dit prévention ?
Le PLFSS 2025 est acté mais la restructuration du système de santé par la ministre n’est pas abordée
Vu par Gabriel Giaoui
« L’identification à un mentor permet de rester motivé et d’éviter de s’égarer »
Éditorial
Seulement 5 % ?