Approchez, approchez, Messieurs-Dames, il y en aura pour tout le monde. Venez nombreux à « la grande foire à la saucisse » du système de santé français ! Venez vite participer à l'événement incontournable du moment, où l’on attire encore plus de monde qu’un service d’urgences un samedi soir ! Médecins, infirmiers, soignants en tous genres, on sait que vous manquez de bras, de moyens, et de reconnaissance… Mais rassurez-vous, nos élus, députés et sénateurs, vont vous changer les idées ! Venez toutes et tous explorer d’autres Horizons ! Vous trouverez au menu une ambiance festive, au moins autant que dans l’Hémicycle, une bonne dose d’ironie, des propositions à vous couper le souffle, ou à vous couper l’appétit, c’est vous qui choisirez.
Supprimer le DES de médecine générale, quelle bonne idée !
Les députés vous proposent en guise d’amuse-bouche, une proposition de loi visant à supprimer le DES de médecine générale. En effet, ils vous rappellent que, c’est bien connu, se former à la médecine générale ne sert à rien, car être médecin généraliste est à la portée de tout le monde. D’ailleurs, regardez bien, les médecins généralistes qui ont pris leur retraite ont pour certains connu une situation identique où ils étaient généralistes au bout de six ans d’études. C’est donc bien que cela était possible. Certes, ils se sont formés sur le dos des patients, qui ne se sont jamais plaints.
Et puis, Messieurs-Dames, vous serez bien toutes et tous d’accord, le principal est de trouver un médecin, partout, tout le temps, pour tout et n’importe quoi, et non pas d’avoir des professionnels de santé formés qui vous prendront en soin de façon cohérente, conforme aux données de la science, éviteront les examens inutiles ou les médicaments non nécessaires, non ? D’ailleurs, nos élus ont rédigé leur proposition sous ces termes « Supprimer la spécialité de médecine générale et former des médecins généralistes en six années car beaucoup de médecins étrangers, exerçant en France, ont cette durée d’études et les médecins français, en retraite et rappelés, aussi et car conserver les internes de médecine générale pendant dix ans dans le domaine hospitalier ne trouve plus de justification et retarde leur arrivée dans la médecine de ville ». Messieurs-Dames, nous vous demanderons juste de faire abstraction du fait que ces mêmes élus nous ont prouvé en quelques lignes qu’ils n’y connaissent rien à la médecine générale et à sa formation, puisque les internes sont en stage en médecine de ville quasi majoritairement dans leur cursus. Soyez indulgents, après tout, vous serez bien contents, comme nos chers élus, de pouvoir dire que vous avez un médecin traitant, peu importe comment il a été formé, tant qu’il sera disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Il y aura un souci de taille, car les internes en médecine rapportent déjà plus à la société qu’ils ne coûtent
Pour continuer notre foire aux Horizons de la santé, Messieurs-Dames, les députés vous proposeront également un plat de résistance qui va forcément vous plaire ! Ils vous proposeront de les forcer à rembourser toutes les décisions politiques qu’ils pourraient prendre et ne seraient pas efficaces, voire coûteraient davantage à nos concitoyens. Ah ! Pardon ! On vient de me dire que j’ai mal compris la proposition. Je rectifie : nos élus proposent que les médecins qui abandonneraient la pratique de la médecine avant dix années d’exercice, se verraient contraints de rembourser leurs études à la société. Bien entendu, il y aura un souci de taille, car les internes en médecine rapportent déjà plus à la société qu’ils ne coûtent. Les médecins devront donc rembourser à l’État ce que ce dernier leur doit déjà. Encore un dispositif compliqué me direz-vous ? N’ayez pas peur ! Après tout, nos élus ont déjà su inventer la CSG non déductible, impôt que vous payez deux fois ! Allez Messieurs-Dames, venez, le dispositif sera certes incompréhensible, mais soyez assurés que tout sera fait pour que l’on aboutisse quoi qu’il arrive à un désamour encore plus prononcé pour la médecine de ville.
Et pourquoi ne pas repêcher les étudiants qui ratent le concours d’entrée
D’ailleurs, en guise de dessert, approchez Messieurs-Dames, vous n’en croirez pas vos yeux ! Nos députés proposent que les étudiants qui rateraient leur concours d’entrée en médecine, puissent être repêchés et qu’ils aient la possibilité de devenir vos généralistes de demain ! Mais, cerise sur le gâteau Messieurs-Dames, ils seront envoyés pendant au moins dix ans à la fin de leur formation, dans les départements sous-dotés. Oui, vous avez bien entendu ! Comme toute la France devient une zone sous dotée en médecins, vous pourrez profiter de médecins formés au rabais, peu importe la ville où vous habitez ! Messieurs-Dames, vous en conviendrez, cette foire à la saucisse tient déjà toutes ses promesses !
C’est vous qui le dites
« Si on forme trop de médecins, ils seront smicards »
« Soigner sans blesser la planète », conforme au serment d’Hippocrate ?
Trop d’inégalités sociales en ce qui concerne les études médicales ?
Démographie médicale : patients, vous n’êtes pas prêts au désastre…