À la fin des années 1980, j’ai quitté la faculté de médecine avec un diplôme de médecine polyvalente.
J’ai débuté par des remplacements de médecine générale mais ça ne m’a pas beaucoup plu à l’époque. J’ai commencé aux urgences comme FFI. Nous avons accompagné le développement des urgences, avons même travaillé en réanimation, formés par les anesthésistes – qui ont fini par déserter à cause de la pénurie dans cette spécialité. Je suis alors devenu hospitalier en médecine polyvalente d’urgence. Grâce à ce statut, après 50 ans, j’ai pu me recycler en médecine gériatrique et en médecine polyvalente. Comme disait un vieil ami réanimateur médical : « Tu auras fait tous les métiers de la médecine, et c’est loin d’être un déshonneur. » À chaque fois, il fallait s’adapter.
Pendant toutes ces années, nous avons travaillé bien plus que 35 heures et enchaîné les gardes de nuit, qui devenaient de plus en plus difficiles au fil des années. Il fallait, à la fin, être masochiste pour enchaîner 24 heures.
Tout cela pour dire que je partage l’avis de notre jeune confrère, médecin conseil qui a fui son désert médical (n° 2974). J’ai souvent pensé à ces médecins. La durée moyenne de séjour nous a poussés à laisser sortir des patients stabilisés, certes, mais nécessitant encore des soins. Je pense que là où l’hôpital est en difficulté, ça doit être lourd à gérer en ville.
Et comme disaient certains confrères étrangers, « chez vous, gare à celui qui tombe ». Qui l’aidera à se relever ? Gare à celui qui fait un burn-out, on ne se souviendra plus du médecin gentil et courageux qui a tout donné. Et le divorce n’est pas le seul risque. Parfois c’est le conjoint qui tombe gravement malade, et les enfants qui partent en disant que leur père n’était jamais là. Notre collègue à raison, il faut se préserver : personne ne le fera pour nous.
Personnellement, je n’ai pas aimé les dix dernières années, en revanche j’ai adoré les vingt premières. J’avais découvert la vraie médecine d’urgence et la réanimation. Une grande aventure. Hélas, les CES (certificat d’études spécialisées) avaient été rayés de la carte…
Dr Hubert Delarue
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