Environ 1 % de la population souffrirait de la maladie cœliaque, avec de nombreuses personnes asymptomatiques qui ne sont pas diagnostiquées (lire page précédente). Le seul traitement disponible actuellement se fonde sur l'éviction stricte du gluten de l'alimentation, à vie. Ce régime entraîne une amélioration des symptômes et permet de prévenir les complications : déminéralisation osseuse, maladies auto-immunes, tumeurs. Les recherches se poursuivent pour développer une alternative au régime d'exclusion : gluténase, nanoparticules, vaccinothérapies, biothérapies…
« Depuis 2015, le régime sans gluten a néanmoins déferlé aux États-Unis, puis en Europe. D'après, des enquêtes effectuées auprès de consommateurs, la majorité des personnes le font sans véritable raison : seules 8 % d'entre elles pensent avoir une hypersensibilité au gluten », a souligné le Pr Christophe Cellier (gastro-entérologue à l'hôpital européen Georges Pompidou).
Contraintes et risque
L'observance d'un régime strict sans gluten est très difficile et nécessite une consultation diététique. En France, la moitié des patients atteints de maladie cœliaque ne parviennent pas à cet objectif d'exclusion stricte. En cause : la contrainte sociale, le coût et de la disponibilité des produits (il existe un forfait mensuel de remboursement de l'Assurance-maladie)… L'Association française des intolérants au gluten (1) peut jouer un rôle de soutien.
Par ailleurs, des études ont montré, en population générale, que le régime sans gluten augmenterait le risque de développer un diabète de type 2 – via une surconsommation de produits industriels transformés. Et l'absence de produits céréaliers dans l'alimentation per se implique la perte de leur effet protecteur cardiovasculaire (lire aussi page 10). « Ces régimes ne doivent pas être poursuivis sur le long terme sans confirmation de leur utilité car ils exposent en outre à des risques de carences », a insisté la Dr Pauline Jouet (Boulogne-Billancourt).
Trop de fakes news
« En présence de symptômes qui laissent supposer une intolérance, il est déconseillé de commencer un régime sans gluten sans avoir recherché les anticorps anti-transglutaminase, prévient le Pr Cellier. Avec un régime, les anticorps diminuent, et cela peut alors ensuite empêcher le diagnostic de la maladie. »
Le spécialiste a tenu à rappeler qu'aucune étude scientifique n'a prouvé le rôle du gluten dans l'apparition de l'autisme, de la fibromyalgie, de la polyarthrite rhumatoïde ou de la maladie de Crohn. « De même, le régime sans gluten n'améliore pas la performance des sportifs ».
Exergue : « Il y a aujourd’hui plus de personnes indemnes de maladie coeliaque que de patients avec qui suivent un régime sans gluten »
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e symposium international sur la maladie coeliaque (ICDS), Paris 5-7 septembre 2019
(1) www.afdiag.org