La nouvelle cartographie des zones sous-dense d’Occitanie n’en finit pas de faire des malheureux. Si certains généralistes de Haute-Garonne y sont allés de leur pétition, certains de leurs collègues des Cévennes se trouvent eux aussi désabusés. Le Vigan est une petite ville du Gard, à 1 h 15 de Montpellier dans une zone de petite montagne. En 2016, six médecins y ont construit une maison de santé pluriprofessionnelles (MSP), reprenant en projet privé un projet public tombé à l’eau. La MSP gère l’offre de soins pour un bassin de vie de 12 000 habitants. Le Vigan était auparavant en zone d’intervention prioritaire. Avec le nouveau zonage et le nouvel indicateur (APL), la commune a dégringolé d’un cran et n’est « plus » qu’une zone d’action complémentaire, pouvant bénéficier des aides à l’installation de l’ARS mais pas de l’assurance maladie.
Pas de prise en compte de l'âge des médecins
Le Dr Antoine Brun d’Arre regrette cette évolution. La création de cette MSP a peut-être amélioré l’offre de soins sur le bassin de vie mais l’âge des médecins y exerçant lui fait redouter le pire pour la suite. « Aujourd’hui un des médecins a 67 ans, un deuxième 66 et un troisième 65. Dans trois ans ce sont trois médecins qui vont partir et ce nouveau classement peut tout faire basculer », explique-t-il. Le généraliste ne comprend pas que le nouvel indicateur, servant à définir les zones prioritaires, ne prenne pas en compte l’âge des médecins. « Les aides à l’installation ne sont pas le seul argument qui va faire venir les jeunes médecins mais c’est quand même un élément déterminant. Pour les deux jeunes médecins que nous avons recrutés, les aides leur ont permis de franchir le pas », confie-t-il. Et d’après le Dr Brun d’Arre, la maison de santé de Le Vigan n’est pas la seule dans ce cas. « D’autres MSP du coin sont dans la même situation, c’est le cas à St Jean-du-Gard ou Lassale par exemple », explique-t-il.
Zonage trop court-termiste ?
En voulant s’organiser et améliorer l’offre de soins sur leur territoire, ces professionnels de santé ont un peu l’impression de s'être tirés une balle dans le pied. « Nous avons le sentiment d’avoir été punis pour avoir monté une maison de santé, nous vivons ce nouveau SROS (schéma régional d’organisation des soins) comme un coup de poignard dans le dos. » Le problème ne vient-il pas d’un zonage trop court-termiste ? C’est en tout cas l’idée qu’avance le Pr Emmanuel Vigneron, géographe de la santé, qui s’est penché sur ce nouveau zonage. « Les médecins investissent plusieurs centaines de milliers d’euros dans une MSP. Or que se passe-t-il ? Le zonage proposé est instantané. Il repose sur une observation une année. Elle n’est donc valable, à l’origine, que pour encourager les installations mais sa révision tous les cinq ou sept ans tombe comme un couperet », écrit-il. « Une fois des médecins installés, l’APL forcément augmente et donc le territoire sort du zonage et ne perçoit plus les aides afférentes à son classement d’origine », ajoute-t-il. Les jeunes vont alors se déplacer en fonction du zonage créant ainsi « un mouvement permanent de yoyo » qui fragilise les territoires. Le géographe suggère donc que l’attribution des aides à un territoire le soit pour une durée de 10 ans, afin d’enraciner les projets.
Manque de concertation
En attendant, le coup est dur pour les généralistes des Cévennes, d’autant plus que la décision semble finale. « On nous a répondu que le zonage était figé et que plus rien ne bougerait », souligne le Dr Brun d’Arre. Le médecin met aussi en cause le manque de concertation entre l’ARS et les professionnels de santé. « Comme sur plein de sujets, la discussion a été insuffisante avec l’ex-directrice de l’ARS, confirme le Dr Jean-Louis Bensoussan, vice-président de l’URPS-ML d’Occitanie. Nous avons eu beaucoup de mal à avoir les éléments et on nous a plus ou moins mis devant le résultat final. » L’ancienne directrice de l’ARS Monique Cavalier vient de quitter ses fonctions et sera remplacée à partir du 5 novembre par Pierre Ricordeau, avec lequel les professionnels espèrent un meilleur dialogue.
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