« J’ai toujours eu le goût de la fabrication des choses. » Dès son plus jeune âge, Romain Troalen aime prendre les choses en main, à la manière d’un chef de projet. À l’époque, en vacances, il montait des petits business de vente de bonbons. Aujourd’hui, il met ses penchants naturels au service de son métier de généraliste. « J’ai toujours rêvé d’une forme d’entreprenariat, j’aime le travail en groupe et la création de projets. »
Pour ce quadragénaire qui a grandi à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), le choix de devenir généraliste n’a pas été incompatible avec ces envies. Souhaitant être soit médecin généraliste, comme son père, soit pilote d’avion de chasse, la nature choisira pour lui. Avec ses 1m95 il est trop grand de 10 cm pour devenir pilote. Mais le médecin, aujourd’hui remplaçant en région parisienne, n’a aucun regret. « J’avais l’exemple de mon père, je trouvais qu’il avait une vie chouette et un boulot qui lui plaisait et je voulais également avoir une activité dans laquelle on peut voir les résultats au quotidien. »
Rencontre décisive avec son "âme sœur" professionnelle
Le Dr Troalen choisira donc la médecine générale à Paris. Il commence à exercer son métier sitôt diplômé mais ne veut pas se contenter de cela. « Je souhaitais avoir la possibilité de mélanger un métier que je connais bien, la médecine, et en même temps de créer du nouveau. Dans le milieu médical, il y a beaucoup de freins au changement, estime-t-il. Mais moi j’aime l'innovation, ainsi que l’interaction avec les autres ». Assez geek, il s’oriente naturellement vers la e-santé ; il travaille notamment avec le laboratoire MSD sur des projets sur le diabète. Mais c’est dans un premier temps grâce à son profil LinkedIn, qu’il va connaître sa première expérience professionnelle hors des sentiers battus. Il est contacté par une start-up qui aide à l’ouverture de maison en santé en province. Il sert alors d’intermédiaire entre les professionnels de santé et les sociétés de consulting, les ARS etc. pour aider à monter les projets de maisons de santé.
Puis en 2015, c’est sa rencontre avec le Dr Clément Morin, interniste à l’hôpital de Saint-Camille de Bry-sur-Marne, qui va modeler la suite de son parcours professionnel. Il trouve en celui qu’il qualifie « d’âme sœur professionnelle », le partenaire idéal pour démarrer une carrière de créateur de projets. Tous les deux vont mettre sur pied les STAFFs de l’hôpital Saint-Camille. « Lorsque nous étions étudiants à Saint-Antoine, nous avions un chef de médecine interne très attaché au lien ville-hôpital, qui nous a un peu refilé le virus et ça a donné naissance aux STAFFs », explique le Dr Troalen. Ces réunions de formation qui ont lieu à Sainte Camille, permettent aux généralistes de venir parler de thèmes qui peuvent leur poser problème dans leur pratique quotidienne. Organisés chaque premier jeudi du mois, ces STAFFs s’articulent autour de deux thèmes choisis au préalable par les médecins discutés chacun pendant 20 minutes, suivis d’une revue scientifique. Après cinq années d’existence, le succès ne faiblit pas. « Nous avons 250 médecins dans notre pool actif et tous les mois, une centaine en présentiel pour les formations ». Un site internet a été créé avec un annuaire des professionnels inscrits aux STAFFs, ils peuvent aussi retrouver les documents des réunions. Les deux médecins ont aussi créé une chaîne Youtube où certains sujets des formations sont repris et où sont maintenant diffusés en léger différé les STAFFs.
Lutter contre la sinistrose
Ce premier projet commun réussi a permis notamment aux Drs Morin et Troalen de décrocher le Grand Prix du Généraliste de la Formation en 2016, et peut-être la confiance pour en entamer d’autres. Depuis deux ans, les deux médecins travaillent sur un nouveau projet d’e-santé Docnco. Pour l’instant encore confidentiel, il devrait sortir à la rentrée et « se concentre sur les relations entre professionnels de santé et pour simplifier le parcours de soins », explique le Dr Troalen.
Le médecin de famille confie que son allant pour créer de la nouveauté doit beaucoup à l’ « entente spontanée » qui s’est tout de suite installée dans son binôme et aussi à son âme de bâtisseur. « Voir les choses se construire pierre par pierre, et quand c’est terminé, reculer et regarder ce qu’on a fait c’est plutôt chouette », explique-t-il. Le généraliste francilien prépare aussi son installation avec deux autres confrères, probablement dans la ville de Neuilly-sur-Marne en Seine-Saint-Denis. Alors avec tous ces projets menés de front, le Dr Troalen reconnaît qu’il aimerait bien que ses journées « fassent 30 heures plutôt que 24 », mais il ne s’en plaint pas. « Mon métier est une passion, dit-il. J’adore mon boulot et l’idée d’innover. Il y a plein de choses à faire en médecine ». Sa manière aussi de lutter contre la sinistrose qui peut toucher la profession. « Il y a plein de choses sur lesquelles je ne suis pas content. Je trouve que nous ne sommes pas assez payés et considérés par rapport au temps et à l’énergie consacrée par exemple. Mais je préfère agir et faire bouger les choses plutôt que d’attendre que d’autres le fassent pour moi. »
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