Décision Santé : Pourquoi avez-vous démissionné du Conseil national du numérique, suite au départ de Marie Ekeland, sa présidente ?
Nguyen Tran : J'ai signé et c'était une décision collective et démocratique mais prise à chaud. Toutefois, nous n'avons pas pris assez de temps pour réfléchir. Je n'ai fait que découvrir le nom de Rokhaya Diallo dans le groupe, mais je ne la connais pas. Au-delà de l'appartenance, il y a une vision de diversité, mais aussi ethniciste que je ne partage pas. Il faut surtout un rassemblement des meilleures compétences autour du numérique. Pour ma part, je suis un enfant de la République. J'estime que j'ai déjà bénéficié de beaucoup de bienveillance provenant de l'Etat, sans lequel je ne serais pas là aujourd'hui. Je me vois Français. A mon avis, la France offre un espace de liberté et d'égalité qui a permis à bon nombre d'étrangers de trouver en France une résonnance, une intégration, un satisfaction et un accomplissement. J'estime que j'ai une dette envers ce pays qui m'a adopté. Le numérique n'a pas besoin de ça. C'est justement au moment où l'informatique peut avoir tendance à prendre le pas sur l'humain qu'il faut apporter une vision humaniste à cette évolution numérique. Ce moment est crucial et nous ne devons pas chercher des prétextes fallacieux pour ne pas se rassembler.
D. S. Si les différends s'aplanissaient et si on faisait de nouveau appel à vous au Conseil du numérique, seriez-vous d'accord pour continuer l'aventure ?
N. T. Certainement. C'est un honneur pour moi de servir la France. Or notre pays a beaucoup de retard dans le développement du numérique en santé. Il est donc largement temps de contribuer à la réflexion et à la prise de décision. En dépit de ces soubresauts, je souhaiterais continuer à faire avancer les choses dans le domaine.
D. S. Pourquoi a-t-on fait appel à vous pour intégrer à l'origine le Conseil ?
N. T. L'évolution du numérique dans la santé est incontournable. Nous l'avons bien démontré à l'Ecole de chirurgie dans nos formations médicales. Au début, je pressentais cette révolution avec le changement du paradigme pédagogique, le compagnonnage numérique, la transversalité... Nous avons misé avec raison à l'Ecole de chirurgie sur la formation dans la chirurgie robotique. En témoigne la place de plus en plus importante prise par la robotisation dans les blocs. Nous n'avons pas d'autre choix que de bouger dans ce sens. Sinon nous disparaîtrons.
D. S. En quoi votre expérience à l'Ecole de chirurgie vous sert-elle pour apporter une expertise au Conseil ?
N. T. En 2006, nous avions 40 inscrits. En 2017, notre formation comprend 2 100 étudiants. Nous avons été les premiers à miser sur la formation en chirurgie robotique. Il faut se former différemment car d'autres pays commencent à prendre le dessus. L'ensemble des métiers techniques dans la santé vont se transformer. Dans l'histoire de notre pays, nous avons été aventuriers et précurseurs. Et maintenant nous avons pris du retard.
Le Dr N'Guyen Tran dirige l'Ecole de chirurgie depuis dix ans à la faculté de médecine de l'université Lorraine. Pharmacologue d'origine, il enseigne à la faculté depuis dix-sept ans.
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