Renforcer le suivi du cancer du sein grâce à l'IA

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Publié le 07/11/2023
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Spécialiste de la télésurveillance médicale, la start-up parisienne Sêmeia a développé un outil d'intelligence artificielle qui facilite l'analyse des données de santé des patientes atteints de cancer du sein. Elle fait aussi gagner du temps aux équipes soignantes.

Avec plus de 61 000 nouveaux cas en 2023 et plus de 900 000 personnes atteintes en France, le cancer du sein est le plus répandu et le plus meurtrier chez la femme. De fait, améliorer sa prise en charge demeure un enjeu de santé publique majeur. Pour répondre à cette problématique, la start-up parisienne Sêmeia a mis au point en 2021 un outil de télésurveillance des patientes en cours de traitement.

Baptisé Oncowise, cette solution « permet aux médecins de gagner un temps précieux dans le suivi des patientes atteintes de cancer du sein, fait valoir Pierre Hornus, directeur général et cofondateur de Sêmeia. Toutes les informations médicales de la patiente sont traitées par l'application puis restituées aux équipes soignantes ». Déployé dans sept centres hospitaliers (à Toulouse, Bordeaux et Paris), cet outil est utilisé au quotidien par une vingtaine de professionnels de santé français. « Des oncologues, gynécologues mais aussi des infirmiers », précise le directeur d'entreprise.

Tri intelligent 

Interopérable avec Mon espace santé, Oncowise collecte automatiquement les données de santé de la patiente (analyses biologiques, résultats d'imagerie, observance des traitements, symptômes ressentis, etc.).

Toutes ces informations sont ensuite étudiées, triées et restituées de façon intelligente aux médecins. En cas d'anomalies détectées par l'intelligence artificielle, notifications et alertes sont directement envoyées aux soignants. En cas d'aggravation des symptômes, de variation de poids ou même d'arrêt des traitements, les professionnels sont également prévenus.

Depuis son déploiement en 2021, près de 2 500 patientes, dont 2 000 suivies par l’Institut du sein du grand Toulouse (ISGT), ont pu en bénéficier. « Cela nous a permis d'automatiser le suivi du parcours des patientes et ainsi de nous concentrer sur l’écoute et l’accompagnement de ces dernières. La solution est simple, parfaitement adaptée à nos besoins et sécurise des prises en charge de plus en plus complexes », se réjouit la Dr Dorra Kanoun, onco-gynécologue à la clinique Pasteur de Toulouse et vice-présidente de l’ISGT.

Troubles bipolaires et dépression sous monitoring

Mentalwise est l'autre solution innovante de Sêmeia destinée aux personnes atteintes de troubles bipolaires ou de dépression sévère. Chaque jour, le patient est invité à évaluer la qualité de son sommeil, son humeur ainsi que son degré d'anxiété et d'irritabilité. Les consultations et examens médicaux ainsi que les traitements en cours sont intégrés automatiquement dans l'outil. « Pour les personnes atteintes de troubles bipolaires, il est par exemple très important de surveiller le taux de cholestérol, le diabète ou la tension en raison du risque accru de décès cardiovasculaire », rappelle Pierre Hornus, directeur général et cofondateur de Sêmeia.

Avec cette solution, les professionnels de santé peuvent visualiser toutes les données collectées sur un tableau de bord. Ils sont alertés en cas de dégradation de l’état de santé de leur patient ce qui permet d'intervenir rapidement et d'ajuster le plan de soins au besoin. Un chat sécurisé favorise aussi le contact entre le patient et l'équipe soignante. Avec la promesse d’identifier rapidement les patients présentant « un risque important de rechute ou d'identifier ceux qui ne suivraient pas leur traitement », met en avant la start-up.

Aujourd'hui en cours d'expérimentation dans cinq établissements français, le projet MentalWise a été développé dans le cadre de l'article 51, qui ouvre droit à un financement dérogatoire. À l’instar d'OncoWise, il a vocation à être déployé à plus grande échelle sur l'ensemble du territoire français. D'ici juin 2024, l'entreprise Sêmeia devrait d'ailleurs proposer l'ensemble de ses outils de télésuivi aux établissements de ville. L'entrée en vigueur le 1er juillet 2023 de la prise en charge par l'Assurance-maladie des activités de télésurveillance médicale pour les pathologies ayant reçu un avis favorable de la Haute Autorité de santé devrait jouer un rôle crucial dans la démocratisation de ce type d'outils.

Aude Frapin

Source : Le Quotidien du médecin