Les CHU ont-ils souhaité prendre la main sur les centres de lutte contre le cancer un moment en difficulté financière ?
Le financement à l'activité, même si je ne le juge pas complètement négatif, a changé la donne. Il nous a contraints à remettre en cause notre mode de fonctionnement sur la fluidité de nos filières et nous questionner sur nos objectifs et notre rôle. En revanche, la T2A ne contribue pas à une coopération entre structures. Et attise la concurrence entre les CHU et les centres de lutte contre le cancer. Second point, à la suite du lancement du premier plan cancer, le combat contre le cancer est devenu un enjeu de société. De nouveaux moyens ont été accordés. Ce qui demeurait dans l'ombre a été mis sous les feux des projecteurs. Parallèlement, nous avons bénéficié de l'explosion de nouvelles thérapeutiques. Autant d'éléments qui ont contribué à donner un intérêt majeur à la prise en charge des patients porteurs de cancer. D'où le regain d'intérêt qu'ont manifesté les CHU pour le cancer, estimant par définition qu'ils sont les leaders pour toutes les spécialités. Par ailleurs, il y avait alors une injonction à mutualiser en cas de difficultés financières. Dans certains cas, cela signifiait absorption. Ce moment est derrière nous. Les expériences réalisées dans ce domaine n'ont pas toujours été heureuses. Des tensions ont ainsi éclaté au sein de blocs opératoires lorsqu'il s'agissait de réunir tous les chirurgiens dans un seul lieu.
Faut-il parler d'arrogance ?
Sûrement pas. Simplement le CHU dans les ordonnances de 1958 doit assumer une triple mission, les soins, l'enseignement et la recherche. Il y tire là une réelle légitimité. Sauf que les CLCC ont le même cahier des charges dans le cancer depuis les ordonnances de 1945 avant même les ordonnances Debré. On peut y ajouter la prévention. Ce qui explique cette forte compétitivité des CLC sur le volet recherche. Plus généralement, les CHU n'ont plus le monopole sur le U. Certes la compétition sur le soin existera toujours. Et c'est tant mieux pour les patients. Quant aux missions universitaires, elles ne sont désormais plus exercées sur un établissement unique comme le démontrent les CLCC.
Vaccination, soutien aux soignants, IVG : le pape François et la santé, un engagement parfois polémique
« Je fais mon travail de médecin » : en grève de la faim, le Dr Pascal André veut alerter sur la situation à Gaza
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale