Après les États-Unis, la France ? Dans une tribune parue dans le Journal du Dimanche, 90 médecins alertent sur le risque d’une crise des opiacés dans l'Hexagone, où « douze millions de personnes utilisent des médicaments opiacés sans être mis en garde sur leur potentiel addictif et sur le risque d’overdose ». « Les hospitalisations pour ce motif ont doublé, les décès triplé », souligne la tribune.
Trois mesures prioritaires
Pour les signataires — parmi lesquels figurent 13 généralistes —, il est « urgent d’agir ». Ceux-ci invitent donc à prendre trois mesures prioritaires et complémentaires « pour éviter que ne soient reconduites les erreurs du passé, avec leurs effets dramatiques en matière de santé publique ».
La première est d’étendre l’accès au nalaxone aux médecins généralistes et de « les former et les sensibiliser à son usage ». Pour l’heure, celui-ci est « réservé aux acteurs du soin en addictologie, sans diffusion ni information large aux différents acteurs de la santé », note la tribune.
Considérant que « le problème des opiacés est révélateur d'un dysfonctionnement structurel dans la prise en charge des addictions », les signataires rappellent que le médecin généraliste est le « point d'entrée dans le soin » et invitent à « continuer de décloisonner le monde de l'addictologie ». « L'addictologie s'est construite — à son insu — comme une spécialité médicale, en tension avec les parcours de soins classiques, et parfois dans l'oubli de ses dimensions non médicales », observent-ils. La tribune plaide enfin en faveur « d'une vaste campagne de prévention au niveau de la menace sanitaire à laquelle nous sommes exposés ».
En début d'année, l'ANSM avait publié un rapport sur les consommations et les usages problématiques d'antalgiques opioïdes révélant qu'entre 2000 et 2015, le nombre de morts liées aux opioïdes avait augmenté de 146 %. Mais Nathalie Richard, directrice adjointe du pôle neurologie, psychiatrie, anesthésie et médicaments de l’addiction à l’alcool à l'ANSM, avait estimé que la France n'était pas en « situation d'alerte ». « Ce rapport indique qu’en France nous devons rester extrêmement vigilants face à certains signaux comme l’augmentation du nombre de patients hospitalisés pour intoxication, mais aussi du nombre de décès liés à ces antalgiques », avait-elle toutefois précisé.
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