Editorial

Alternance ?

Publié le 23/09/2016
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jean

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Ils sont sept au départ et l’un d’entre eux a des chances de se retrouver aux commandes du paquebot France l’an prochain. Difficile pourtant de savoir quelle serait au juste la politique de santé du prochain Président s’il devait être issu des rangs de l’actuelle opposition. Nous nous y sommes essayés pourtant, à l’aube de cette campagne pour les primaires de la droite. Et sur les sept écuries en lice, six ont répondu à nos sollicitations. Mais, pour l’heure, force est de constater que le flou persiste sur leurs intentions. Qu’il s’agisse du plan Juppé ou de la réforme HPST, la droite a d’abord beaucoup à se faire pardonner des médecins. Et, pour ne parler que de Juppé ou de Fillon, elle s’y emploie depuis des mois. Jusqu’à Sarkozy qui a encore confirmé, en début de semaine, qu’il lancerait « un grand plan médecine libérale 2020».

La droite en fait donc des tonnes pour les praticiens libéraux, la plupart des candidats célébrant par avance la confiance retrouvée avec les acteurs du secteur, la nécessité de mieux rémunérer les praticiens de ville et de les sortir du carcan administratif qui les enserre. Trop beau pour être vrai ? On peut se poser la question quand on sait que ces ténors se veulent aussi les champions de la rigueur des comptes sociaux. Ainsi, alors que Bercy a été contraint d’annoncer mardi le relèvement de l’enveloppe médecine de ville pour permettre le financement des revalorisations prévues, comment faire avec cet ONDAM introuvable à 1 % que certains dans l’opposition se font fort d’obtenir ?

Ce n’est pas la seule contradiction que les  candidats devront résoudre dans les mois à venir. En l’état, aucun ne dessine le début d’une alternative pour la santé. Comme si, pour ce qui touche à la maladie, à la souffrance et aux soignants, il n’y avait guère de différence entre gauche et droite. Et comme si cette dernière – peu libérale sur les questions sanitaires et sociales – restait au milieu du gué. Hormis le TPG, elle ne semble plus si décidée à revenir sur la loi Touraine. Et on l’a trouvée plutôt silencieuse sur la nouvelle convention médicale. Certains ont qualifié d’« aumônes » les revalorisations des généralistes. Mais on ignore si le dispositif pousse assez loin à leurs yeux la logique réformatrice, ni ce qu’en ferait un gouvernement de droite… Les pistes concernant le financement ou la responsabilisation des patients attestent davantage d’une volonté de changer les règles du jeu. Mais pourquoi l’opposition ne les a-t-elle pas mises en œuvre quand elle était aux affaires  ?

Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : Le Généraliste: 2768