« Quand j’entends les mots “grande Sécu”, j’ai envie de sortir mon revolver ! », a déclaré, dans un trait d’humour, l’essayiste David Djaïz, devant les congressistes de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) réunis à Agen, en réponse à cette réforme en forme de serpent de mer qui refait surface à gauche.
L’ancien rapporteur général du Conseil national de la refondation (CNR) et conseiller du président de la République intervenait ce vendredi 20 juin en sa qualité de « grand témoin » du 44e congrès de la Mutualité, à Agen. L’occasion pour cet expert de regretter que « le mutualisme soit absent des récits politiques et médiatiques mainstream ». Un paradoxe à ses yeux alors que plus d’un Français sur deux est protégé par une mutuelle santé.
Comparant la période actuelle à la révolution industrielle du XIXe siècle – laquelle a vu naître les toutes premières mutuelles –, David Djaïz a soutenu qu’avec les vagues de l’intelligence artificielle et du changement climatique, une nouvelle révolution, « industrielle et sociale », est en marche « dont on ne soupçonne pas encore l’ampleur ». Quel cap suivre pour le mouvement mutualiste ? David Djaïz « refuse que les mutuelles soient prises en étau entre l’enclume du service public et le marteau d’un système privé de plus en plus agressif sur le plan concurrentiel et capitaliste en termes de performance financière ». À son sens, il faut donc pour les mutuelles « avancer et marcher devant » en se positionnant sur des marqueurs forts de solidarité, tout en innovant et en se montrant efficient.
Tirer tous les bénéfices de l’IA
David Djaïz a suggéré aux mutuelles de « proposer un contrat d’adoption de l’IA dans leur structure, qui repose sur un partage des gains : efficience, élimination des irritants, réhumanisation du travail et réinvention des façons d’être ensemble ». Car, a-t-il argumenté, « ce que vous manipulez dans la journée, c’est en grande partie de l’information ! » Invitant les mutualistes à être « pionniers en la matière », y compris dans l’utilisation des données, l’essayiste a toutefois mis en garde contre le fait de « se retrouver du mauvais côté » de la technologie, sans socle éthique, social et politique.
L’ancien conseiller d’Emmanuel Macron a ensuite prôné un « continuum entre la santé, l’environnement et le travail ». Un principe de « santé globale » pour « protéger tout au long de la vie », car selon lui « la prévention va être au cœur du réacteur ». D’autant plus que « les mutuelles ne sont plus un guichet de remboursement ou de tiers payant, mais un véritable compagnon de parcours de vie », a-t-il défendu, appelant à ce que les mutualistes soient « le plus proactif possible avant que les problèmes de santé surviennent ». Un engagement qui ne va pas de soi, admet-il, car les trois piliers de l’activité du secteur – solidarité, gouvernance démocratique et efficacité économique – sont exigeants.
Sur le principe de solidarité, David Djaïz a salué l’innovation du Dr Martial Jardel, fondateur de l’association Médecins solidaires, qui organise un relais hebdomadaire de généralistes volontaires, toute l’année dans plusieurs centres de santé. Ce principe d’engagement – « plutôt que de demander beaucoup à peu, demande peu à beaucoup » – constitue l’exemple d’une organisation qui devrait être à l’œuvre aussi… dans le monde mutualiste et au-delà en matière de protection sociale.
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