Nommée le 20 mai ministre de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon fait face à une situation délicate. Crise des urgences, Covid-19, variole du singe… les Français réclament des soignants et les médecins réclament plus de temps médical ! En attendant la grande concertation prévue pour cet été, la ministre doit prendre des mesures rapides pour éviter le pire. Le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France, a été choisi pour réaliser une mission flash d’appui aux territoires, visant à identifier, d’ici le 28 juin, de premières solutions opérationnelles pour faciliter l’accès aux soins urgents et non programmés, partout en France.
Dans son cabinet - ministériel - les rendez-vous se sont enchaînés cette semaine. Mardi 31 mai, la ministre s'est entretenue avec Gérard Raymond, président de France Assos Santé. Il raconte la rencontre au Généraliste. « Elle consulte à l’heure actuelle. Nous sommes tombés d’accord sur le constat : il y a urgence pour sauver le système de santé. Nous attendons une stratégie et une vision de la part de la ministre. Des mesures pour cet été et des mesures à moyen terme pour transformer le système. » Gérard Raymond rapporte que la ministre « s’interroge » sur les équipes de proximité, notamment sur la mise en place d’un infirmier ou un pharmacien référent. « Elle serait peut-être favorable à ce sujet », glisse le président de France Assos Santé, lequel demeure toutefois prudent. « Je fais confiance à ceux qui agissent. Consulter, c’est une première action. Une sage décision, mais qui ne doit pas durer six mois… »
Une prise de conscience ?
Pour le président de MG France, Dr Jacques Battistoni, qui a rencontré Brigitte Bourguignon vendredi 3 juin, la ministre est « à l’écoute, attentive et à la recherche de solutions aux problématiques du moment, dont la crise des urgences et plus largement de l’accès aux soins ». Le praticien raconte avoir partagé ses propositions, notamment celles destinées aux élus territoriaux, ce qui a « intéressé » Brigitte Bourguignon. « Le progrès, c’est qu’enfin, il y a une prise de conscience : les soins primaires doivent être organisés avec les moyens qui correspondent à leurs missions », se réjouit le généraliste, qui a invité la ministre au congrès de son syndicat les 24 et 25 juin prochains à Dijon.
Même sentiment du côté du Dr Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui a vu Brigitte Bourguignon jeudi 2 juin (après avoir rencontré la même journée le conseiller santé de la Première ministre, Cédric Arcos). « J’ai senti la ministre extrêmement à l’écoute et bienveillante, soucieuse des énormes difficultés qui font jour. » Il développe. « C’est une période singulière. Les acteurs en responsabilités (Ségur, Matignon, l’Élysée, les syndicats, etc.) ont une prise de conscience collective : le système craque de partout. Il ne faut pas opposer les systèmes. Inspirons-nous de cette agilité collective lors de la crise Covid pour rompre avec le silo étanche entre hôpital et libéraux. » La ministre aurait écarté les contraintes à l’installation et la PDSA obligatoire à titre individuel ; en revanche, « il est possible qu’elle le soit, ponctuellement, pour un territoire donné », rapporte le gastro-entérologue, qui veut « s’inspirer de la Mayenne, où 96 % des médecins font des gardes ».
Les jeunes, déçus de ne pas être invités
L'association des équipes coordonnées AVECSanté n’a pas été invité. Le Dr Pascal Gendry préfère ironiser : « les maisons de santé pluriprofessionnelles sont, hélas, moins médiatiques que les urgentistes ! »
Chez les syndicats de jeunes, l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) affirme ne pas avoir été contactée, mais, par la voix de son président Gaëtan Casanova, ne « désespère pas en revanche que cela puisse arriver ». Le Dr Agathe Lechevalier, présidente du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR), confirme qu’elle n’a pas non plus été approchée par l’entourage de la ministre. L’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), elle non plus, n’a pas été conviée à Ségur. Alexis Loupan glisse qu'ils attendent cette invitation « avec une certaine impatience ».
Parmi les prochains rendez-vous de la ministre :
• Le mardi 7 juin, le Dr Corine Le Sauder, présidente de la Fédération des médecins de France (FMF).
• Le mercredi 8 juin, le Dr Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML).
• Le jeudi 9 juin, le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML-S).
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