Agnès Buzyn a dévoilé lundi une première salve de mesures pour « améliorer la situation » des services d'urgence. « On a besoin de trouver une solution de fond, pas juste de soigner le symptôme, à cette fièvre ressentie au niveau de l'activité des urgences », a-t-elle déclaré lors d'une visite au CHU de Poitiers. Depuis bientôt 6 mois, un mouvement de grève inédit s'est étendu à près de la moitié des services d'urgences du secteur public –233 selon le collectif Inter-Urgences qui en est à l'origine, 195 selon le ministère de la Santé.
SAMU à disposition pour rediriger vers la ville
Pour « réduire au maximum les passages des personnes âgées » aux urgences, Agnès Buzyn entend notamment s'appuyer sur les médecins libéraux. Les Samu seront autorisés à envoyer une ambulance vers un cabinet de ville ou une maison de santé, où pourront être réalisés une consultation et certains examens médicaux sans avance de frais, pour que les patients y « trouvent le même avantage qu'à aller aux urgences ». Le gouvernement souhaite également donner « aux cabinets de médecins libéraux et aux maisons de santé la possibilité de pratiquer directement certains examens de biologie dite ‘’délocalisée’’, pour permettre au patient de réaliser ses examens dans le même lieu à l’issue d’une consultation et d’obtenir un résultat dans des délais courts. »
Les représentants des médecins de ville accueillent ces nouvelles avec prudence. Le président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS), le Dr Pascal Gendry, estime que l'adressage de patients vers la ville par le SAMU nécessite « une organisation particulière ». « Si l'équipe accueille un patient qui ne fait pas partie de sa patientèle, il faudra le faire en lien avec le service d'urgence, pour la transmission de ses informations médicales tout d'abord et pour s'assurer que les conditions d'accueil au sein de la MSP sont bonnes. Il n'est pas question d'amener un patient sur un brancard si le planning de la structure est déjà complet », estime le généraliste mayennais.
Le patron de la FFMPS est par ailleurs favorable à l'amélioration de l'accès à des examens complémentaires de biologie ou de radiologie en ville. « Les MSP pourraient se conventionner avec le biologiste ou le radiologue du coin, c'est tout à fait envisageable », précise le Dr Gendry.
Tiers payant lors des gardes
L'idée d'un tiers payant pour la part Assurance maladie obligatoire (AMO) dans le cadre de la garde des médecins de ville et des maisons médicales de garde séduit les libéraux même si les modalités sont à éclaircir. Le président de la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Paul Hamon, qui a créé la maison intercommunale de garde de Clamart (92), demande cette mesure depuis de nombreuses années. « Pour fonctionner, cette mesure doit permettre un tiers payant lors des gardes géré à 100 % par la Sécu. Il n'est pas question que les médecins engagés dans la permanence des soins doivent en plus faire la course aux mutuelles pour les remboursements », prévient-il.
L'avance de frais est un « faux problème », souligne de son côté le Dr Xavier Lambertyn, président de l'Association départementale pour l'organisation de la permanence des soins (Adops) de l’Oise. « Les patients s'adressent aux urgences plutôt qu'aux maisons médicales de gardes car ils ignorent leur existence et associent généralement le 15 aux "grosses urgences" », précise-t-il.
Quelles incitations financières pour les libéraux ?
Mettre à contribution les médecins de ville pour désengorger les urgences devra également s'accompagner d'une valorisation financière selon les syndicats. « Accueillir des patients hors patientèle de la MSP demande à l'équipe d'organiser ses plannings, de disposer d'un local adapté… », explique le Dr Pascal Gendry. Une valorisation financière de l'accueil des soins non programmés dans les MSP sera proposée par la FFMPS à l'occasion de la renégociation de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) encadrant le financement des MSP avec l'Assurance maladie.
Pour sa part, le Dr Jean-Paul Hamon demande toujours une majoration de 15 € par acte pour les soins non programmés en journée afin d'inciter les généralistes à les prendre en charge. Pour l'instant, cette piste n'a jamais encore été évoquée par la ministre. Une deuxième série d'annonces devrait être présentée la semaine prochaine à l'occasion de la remise du rapport confié en juin au chef du Samu de Paris, Pierre Carli, et au député (LREM) de Charente Thomas Mesnier.
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