Un visage adolescent, après 30 ans, est un don du ciel. Mais dans un « vieux pays », l'éternelle jeunesse suscite la méfiance. Chez David Gruson, nouveau délégué général de la Fédération hospitalière de France, âgé de 36 ans et père de trois enfants, il ne faut pourtant chercher nul pacte avec le diable. Encore moins le dessein de faire carrière à Paris, à la manière d’un héros balzacien. Simplement, l’hôpital public est une histoire de famille. Et on ne s’y dérobe pas aisément. Avec deux parents praticiens hospitaliers dans le Nord, entreprendre des études de droit relève de la rébellion caractérisée, surtout après l’obtention d’un bac S. Mais cette « erreur de jeunesse » sera d’autant vite pardonnée que le parcours universitaire se révèle brillant, doctorat en droit, diplôme de Sciences Po, École de santé publique de Rennes et enfin École nationale d’administration à la seconde tentative sans oublier un DEA en communication. Un seul parchemin se révélera toutefois plus difficile à obtenir, le permis de conduire obtenu en 2012.
Mais comment alors expliquer ce parcours sans faute caractérisé par de successives accélérations de carrière sans jamais risquer la sortie de route ? David Gruson réfute l’idée de voir son itinéraire qualifié d’enfant gâté de la République. Le nouveau délégué met en avant les rencontres qui se révèleront décisives. Nouvel auditeur à la Cour des comptes, il est reçu par Philippe Seguin qui lui promet une belle carrière. En 2009, David Gruson participe à l’aventure du Haut Commissariat à la jeunesse assuré par un certain Martin Hirsch pas encore à la tête de l’AP-HP. Lorsque le poste de conseiller santé se libère à Matignon, il sera vivement recommandé à François Fillon alors Premier ministre. Philippe Seguin était décédé quatre mois plus tôt. Débute « un apprentissage à marche forcée, un raccourcissement de l’espace-temps », selon les mots de l’actuel délégué. Juste avant l’élection présidentielle de 2012, David Gruson est enfin nommé à la direction du Chu de l’Île de la Réunion. Au-delà la mission d’intérêt général, c’est aussi un fils par alliance qui revient au pays. La femme de David Gruson est d’origine réunionnaise. À la prochaine rentrée scolaire, la famille sera de nouveau « réunie » ; Sur le bureau ne trôneront peut-être plus les dessins des trois enfants. En attendant, le seul défi de David Gruson sera peut- être d’échapper à son image de prince charmant, bien-né et sans blessure apparente.
Alors comme pour noircir (un peu) l’image, le jeune homme à qui tout réussit jette le nom de Lisa Leblanc, originaire du Québec qui pratique le folk trash. Sa chanson la plus célèbre serait « ma vie c’est d’la marde ». Un anti-programme, un antonyme pour le moins. La vraie référence serait plutôt à dénicher dans l’œuvre d’Albert Camus et plus précisément le vent à Djémila dans le recueil des Noces, cité par David Gruson comme l’un de ses textes qui l’ont porté dans son adolescence. On y peut lire : « Contrairement à ce qui se dit, à cet égard du moins, la jeunesse n’a pas d’illusion. Elle n’a eu ni le temps, ni la piété de s’en construire ». La faute à une double vie, où l’on avance à marche forcée, deux fois plus vite ?
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