Cette fois le couperet est tombé. Il existe un « risque sérieux » de dérapage des dépenses d'assurance-maladie en 2025, lié principalement aux indemnités journalières, aux médicaments et aux dépenses hospitalières, a averti mercredi le comité d'experts chargé d'alerter sur ces dépenses.
Dans son avis, ce comité indépendant notifie donc formellement au Parlement, au gouvernement et aux caisses nationales d’assurance-maladie son appréciation selon laquelle il existe un risque élevé que « les dépenses d’assurance-maladie dépassent l’Ondam » fixé pour 2025 « avec une ampleur dépassant le seuil de 0,5 % », c’est-à-dire au-delà du seuil d’alerte actuel, qui nécessite des mesures d’économies immédiates.
Cet avertissement sur le dérapage en cours n’est pas une surprise. Mi-avril, les experts avaient déjà mis en garde contre le « déficit croissant » des hôpitaux publics, qui ne cesse de se creuser, et contre d’« importants aléas de nature à entraîner un dépassement » du budget prévu. Or, « une partie de ces aléas sont en train de se concrétiser, avec des effets très significatifs sur le montant des dépenses », écrivent-ils dans ce nouvel avis. Cela concerne en particulier des dépenses plus élevées que prévu pour les indemnités journalières (côté soins de ville) et et des économies non réalisées sur le remboursement des médicaments, détaillent-ils.
Sur les IJ, précise le comité d’alerte, la dépense est portée par une « proportion plus élevée d’arrêts de longue durée » qu’en 2024 (pour un dépassement estimé de 500 millions d’euros extrapolé à l’ensemble de l’année 2025). Quant au médicament, le comité pointe que la réalisation d’une partie significative des économies programmées (600 millions) repose sur la conclusion d’un protocole d’accord entre l’État et le Leem (syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique), accord qui « n’a pas été signé à ce jour ».
1,3 milliard d’euros de dérive anticipée en 2025
Fait rare, l’exécutif a réagi immédiatement par communiqué pour préparer les esprits à la gravité de la situation. Le comité d’alerte identifie « un risque de dépassement de l’Ondam supérieur à 1,3 milliard d’euros en raison de dépenses de soins de ville dynamiques, notamment dans le champ des médicaments et des indemnités journalières, ainsi qu'une activité constatée à l'hôpital au premier trimestre 2025 plus élevée que prévu », ont pris acte mercredi en soirée les ministères de la Santé et de l'Économie.
Il y a un sujet sur les IJ, en forte augmentation lors des six premiers mois de l’année
Catherine Vautrin, au congrès de la Mutualité
Et ce jeudi, au congrès de la Mutualité française, à Agen, la ministre Catherine Vautrin a enfoncé le clou, citant à nouveau les secteurs mis en cause dans le dépassement. « Il y a un sujet sur les IJ, en forte augmentation lors des six premiers mois de l’année, sur le déficit des hôpitaux et, enfin, sur le médicament, avec un accord pas finalisé avec le Leem. Mais j’insiste sur les arrêts maladie, un sujet très important. »
Bercy et Ségur indiquent qu'ils proposeront « rapidement des mesures de correction » après examen des propositions faites par l’Assurance-maladie dans les prochains jours. Le budget de la Sécurité sociale 2025 prévoit une progression de 3,4 % des dépenses maladie, à hauteur de 265,9 milliards d'euros. Mais face au dérapage, l’exécutif sera donc contraint de trouver rapidement des économies pour rester dans les clous.
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