Il n’a esquivé aucune question et a tenté de rassurer, informer et expliquer. Le « M. vaccin » du gouvernement s'est employé ce mercredi à décrypter la stratégie vaccinale de l'exécutif auprès des sénateurs de la commission des affaires sociales qui l'auditionnaient en visioconférence.
Omniprésent dans les médias ces dernières semaines, au point presque d'éclipser son ministre Olivier Véran, le Pr Alain Fischer, a sans surprise défendu la politique vaccinale du gouvernement dont il préside le Conseil d’orientation. L'immunologiste s'est cependant démarqué de la décision du ministère de la Santé, qui a informé les médecins, dimanche soir à 22h dans un DGS-Urgent, qu'ils ne pourraient pas commander cette semaine de vaccins AstraZeneca, les rares flacons étant réservés aux officines.
S'exprimant franchement, le Pr Fischer a concédé une communication gouvernementale « très mal traitée », évoquant une « maladresse », et même un « cafouillage ». Il a cependant souligné le « déséquilibre complexe » entre les praticiens, certains ayant du mal à recruter des patients à vacciner quand, dans le même temps, d'autres manquent de vaccins.
#Vaccination : « Il y a d’un côté les médecins généralistes qui ont joué le jeu et de l’autre ceux qui se sont engagés et n’ont pas vraiment vacciné beaucoup donc il y a un déséquilibre qui fait qu’il y a une accumulation de doses non utilisées », affirme Alain Fischer pic.twitter.com/YuzIVXtSJE
— Public Sénat (@publicsenat) March 10, 2021
Au sujet des critiques sur la trop lente vaccination française, le Pr Fischer a souhaité « restituer le contexte » : la situation n’étant pas la même qu’en Grande-Bretagne, laquelle a vacciné plus de 15 millions de personnes, mais n’est plus soumise à la répartition vaccinale de l’UE.
Pareillement, la France n’aurait, selon lui, pas à rougir par rapport à ses voisins puisque l’Allemagne et l’Italie sont « quasiment superposables avec 9 doses pour 100 personnes » tandis que la France en administre 8,5 « mais a vacciné plus de personnes âgées » (34 % des plus de 75 ans avaient reçu une dose de vaccin et 19,2 % une dose le 8 mars, selon les données du ministère de la Santé reprises par VaccinTracker).
Accélérer la vaccination
Interrogé par un sénateur sur l’augmentation des personnes jeunes en soins intensifs, le Pr Fischer a volontiers reconnu et regretté cette hausse ; mais il a ajouté qu’il y a « une baisse des personnes plus âgées », donc « pas besoin de changer de stratégie vaccinale : il faut accélérer la vaccination. »
Dans cette audition, Alain Fischer est revenu plusieurs fois sur l’« injuste » polémique autour d'une moindre efficacité du vaccin AstraZeneca, non-fondée scientifiquement selon lui. « Chez le hamster, le vaccin protège contre la pneumonie provoquée par le variant sud-africain », a-t-il noté, y voyant un motif d’espoir.
« Il n’y a aucune raison, absolument aucune raison, de ne pas être vacciné avec le vaccin AstraZeneca », martèle le président du Conseil d'orientation sur la stratégie vaccinale. pic.twitter.com/gFYsNC3KuH
— Public Sénat (@publicsenat) March 10, 2021
Cependant, en l’absence de conclusion scientifique, le vaccin Pfizer reste préconisé en Moselle, seule région où le variant sud-africain est le plus présent. Ailleurs dans l'Hexagone, c'est bien le variant britannique qui est prédominant, « plus contagieux, mais pas plus sévère ».
Conscience professionnelle
Alors que le débat a été relancé ces derniers jours sur l’obligation vaccinale des personnels de santé, le Pr Fischer a exprimé son envie de convaincre plutôt que de contraindre. « Ce serait le dernier recours, qui plus est législatif ». Avant d’ajouter : « Je crois en la conscience professionnelle des soignants… mais il ne faut pas que cela traîne trop ».
Avançant que 30 à 40 % des Français sont toujours réticents au vaccin, l'immunologiste a martelé l’« énorme travail de pédagogie » encore à réaliser. Un travail à mener également selon lui en Outre-mer, où la confiance dans les vaccins est un véritable « souci ».
L’espoir de l’été
Alain Fischer a également apporté aux sénateurs des perspectives positives. « Fin mai, l’essentiel des personnes vulnérables par leur âge ou leur comorbidité sera vacciné », a-t-il assuré. Le médecin a promis une accélération du rythme hebdomadaire de vaccination. Un million d'injections étaient réalisées chaque semaine en février, elles devraient atteindre deux millions chaque semaine en mars, 3,5 millions en avril et 6,5 millions en août.
Si le vaccin Janssen des américains Johnson & Johnson devrait arriver « fin avril, début mai », deux autres vaccins sont actuellement à l’étude, a confirmé le Pr Fischer : d’une part un troisième vaccin ARN CureVac, « en retard dans le développement », qui devrait être disponible courant juillet et un vaccin en protéines Novavax, « au début de l’été ».
Pas sûr toutefois que tous les sénateurs aient été convaincus par l'intervention du « M. vaccin » du gouvernement, si l'on se fie à ce tweet de Florence Lassarade, sénatrice LR de la Gironde.
Pr Fischer, on a intérêt à accélérer les vaccins. Chaque étape pose problème. Cette semaine ce sont les généralistes qui sont interdits de vaccination ! On n’y arrivera pas pic.twitter.com/bytMd1jmvK
— LASSARADE FLORENCE (@flolassarade) March 10, 2021
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