Alors qu’en début de semaine, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) s'est inquiété du recul de la vaccination en France et de la méfiance de plus en plus répandue face aux vaccins, la députée européenne Europe Ecologie Les Verts (EELV), Michèle Rivasi, s’est déclarée mardi pour la levée de l’obligation vaccinale dans l’Hexagone. "Les ruptures de stock DTP qui durent depuis longtemps obligent les parents à prendre un pack DTP - hépatite B", a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce mardi à Paris. Avant d’ajouter qu’elle était favorable à la levée de l’obligation vaccinale. "L’utilité des vaccins, c’est le prochain scandale sanitaire".
Ces deux prises de position en sens contraires interviennent dans un contexte d’intenses réflexions autour de l’obligation de vaccination. Dans un avis rendu en septembre 2014, le HCSP s'était prononcé pour un débat de société sur le maintien ou non d'une vaccination obligatoire en France et avait proposé l'instauration d'une vaccination gratuite dans des centres publics de vaccination. Vendredi, le Conseil constitutionnel a jugé que la vaccination obligatoire des enfants, imposée en France pour seulement trois vaccins (diphtérie, tétanos et poliomyélite, DTP, 1ère injection à 2 mois), était conforme à la Constitution, après avoir été saisi par un couple ayant refusé de faire vacciner ses deux enfants. Un des arguments utilisés par les opposants à la vaccination systématique - le même qu’a repris Michèle Rivasi - est qu'il n'existe plus de vaccins seulement anti-DTP mais des vaccins combinés, également contre la coqueluche, l'hépatite B et l'haemophilus influenza B recommandés par le ministère de la Santé. Responsable du Comité technique des vaccinations au sein du HCSP, Daniel Floret a pour sa part estimé lundi que ces vaccins combinés constituaient "un gros progrès" puisqu'ils répondent à des recommandations vaccinales officielles "du ministère de la Santé pour tous les nourrissons". La méfiance de la population face aux vaccins en général est passée de 10% en 2005 à 40% en 2010, selon l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes).
Michèle Rivasi a accompagné sa prise de position d’une lettre ouverte à vocation plus large. Signée aussi par Serge Rader (pharmacien et lanceur d’alerte), Marie-Odile Bertella-Geffroy (avocate), Jean-Sébastien Borde (médecin, président du Formindep), et Philippe Even et adresser à la ministre de la Santé, elle entend "dénoncer la généralisation des conflits d’intérêts et de la corruption qui mettent en péril notre Etat de droit et notre système de solidarité nationale garantissant l’accès aux soins à tous". Pour cela, les auteurs de la lettre demandent que soit inscrit dans la loi Santé, actuellement en débat à l’Assemblée, "des dispositions permettant de compenser la faiblesse des moyens de contrôle démocratique dans l’exécution des politiques publiques de santé".
Soins palliatifs : le gouvernement promet d’« intensifier les efforts » en 2025
Le CCNE invite la médecine à prendre ses responsabilités face aux vulnérabilités qu’elle crée
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents