Bachelot-Touraine… Pourquoi, alors que la seconde fête aujourd’hui ses trois ans avenue de Ségur, le rapprochement s’impose-t-il subitement ? Peut-être parce que la première a récemment (re)fait parler d’elle en publiant un livre de souvenirs où il était question (un peu) de ses dossiers santé passés. Question de durée aussi : l’une et l’autre auront dépassé les 36 mois au même poste, ce qui n’est pas si fréquent quand on tient les rênes d’un ministère agité comme celui de la Santé. Affaire de genre enfin ; même si le poste s’est souvent conjugué au féminin, on relèvera que, l’une comme l’autre, se distinguent de ce côté-là par un militantisme revendiqué. Pour la galerie, on retiendra aussi chez les deux femmes un souci vestimentaire affiché avec une nette inclination pour les tenues tendance ou les couleurs flashy…
Mais, au-delà de l’anecdote, les deux ont surtout en commun d’avoir dû faire face à une dégradation progressive de leurs relations avec les médecins libéraux. Et, dans ce climat délétère, l’une et l’autre doivent finalement au soutien sans faille de leur Premier ministre respectif leur longévité. En fin de parcours, Xavier Bertrand affichait des rapports plutôt tendus avec l’industrie, mais il a toujours su ménager les médecins. Quant à Jean-François Mattei, c’est sa chute dans l’opinion qui a eu raison de son portefeuille, les médecins n’étant pas pour grand-chose dans sa disgrâce, mais plutôt les caprices de la météo… Au final, entre attraction et inimitié avec le corps médical, les parcours contrastés des quatre derniers locataires de l’avenue de Ségur pourraient presque laisser accroire que les médecins ont comme un problème avec les femmes. Ce serait oublier que la profession se féminise à grand pas…
En réalité, on retiendra surtout des deux femmes qu’elles ont voulu toucher à deux piliers du libéralisme médical à la Française. La première dut reculer sur la régulation des installations, dans les conditions que l’on sait. Un épilogue qui semble avoir inspiré la seconde, qui ne manque jamais de rappeler son attachement au libre choix par le médecin de son lieu d’exercice. En revanche, Marisol Touraine s’obstine encore sur la suppression du paiement direct du praticien, même si le calendrier retenu pour le tiers payant généralisé nous porte au-delà du quinquennat et si la droite promet de revenir sur cette réforme. On verra dans dix ans ce qu’il restera de ces règles du jeu. Et si le vent de l’histoire donnera raison à celles qui ont voulu si imprudemment y toucher.
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