Le Généraliste : La santé vous semble-t-elle un axe fort de cette présidentielle… et du programme de votre candidat ?
Olivier Véran. Pour Emmanuel Macron, oui, avec trois axes privilégiés : la révolution de la prévention, la lutte contre les inégalités de santé et le renforcement de la pertinence des prises en charge. Dans la campagne, le débat a commencé plutôt mal avec la polémique Fillon sur le « petit » et le « gros » risque, qui nous a donné l’occasion de préciser qu’avec nous, aucun soin utile ne sera déremboursé et de nous engager sur la suppression des restes à charge sur les soins dentaires, optiques et auditifs. Je regrette pour le reste que le sujet n’ait pas été suffisamment abordé dans les débats entre les candidats. Alors même que les gens parlent de santé, nous l’avons constaté au sein des comités locaux En Marche ! dans tous les territoires.
La priorité à la prévention a été déjà évoquée dans les précédentes campagnes. Comment faire pour qu’elle se concrétise ?
O.V. Aujourd’hui, les dépenses de santé représentent 250 milliards d’euros pour seulement 5 pour la prévention. On ne peut pas faire pire. Pour changer cet état de fait, nous voulons mettre en place des modes de rémunération, en ville comme à l’hôpital, centrés sur les sujets de prévention. Et le service sanitaire pour les étudiants de santé sera l’occasion de former et sensibiliser ces jeunes à la prévention. Le projet vise aussi à renforcer la prévention dans les établissements scolaires et sur les lieux de travail. C’est un changement de paradigme. Beaucoup de choses existent déjà, mais souvent de manière expérimentale. Il faut donner des moyens pérennes pour ce qui marche. Cela sera facilité pour l’engagement pris par Emmanuel Macron d’un Ondam pluriannuel de 2,3 % par an. Ce qui veut dire que les dépenses que nous dégagerons pour la prévention engendreront des économies avant la fin du quinquennat.
Convention médicale, loi de santé, loi sur la fin de vie… Que ferez-vous de l’existant ?
O.V. Nous voulons lancer une grande consultation après l’élection. Cela inclura le TPG : nous proposons que le tiers-payant soit « généralisable », ce qui signifie que les médecins pourront faire bénéficier leurs patients de la dispense d’avance de frais, mais pour ceux qui le souhaitent. Le fonctionnement de la convention médicale sera respecté. Le dialogue social est la voie que nous privilégions. Nous voulons organiser un dialogue sincère avec les syndicats dès le début du mandat, pour définir un cadre sur cinq ans, d’évolution de la rémunération notamment, et ensuite on laisse le dialogue social se faire. Par exemple, envisager de majorer la part forfaitaire dans la rémunération des médecins de ville. Concernant la loi sur la fin de vie, Emmanuel Macron n’a pas souhaité mettre en avant les sujets sociétaux pendant la campagne. Le débat continuera néanmoins pendant le quinquennat. Mais, s’agissant de la fin de vie, il y a déjà eu une étape importante de franchie avec une loi de consensus qu’il faut désormais faire vivre.
Sur les règles d’installation, de rémunération ou de modes d’exercice, faudra-t-il revoir les règles du jeu ?
O.V. Nous ne remettrons pas en cause la liberté d’installation – car les mesures coercitives sont inefficaces – et pas non plus le fonctionnement en secteurs tarifaires. Concernant les maisons de santé, l’objectif est volontariste. En fixant le cap de 3 000 structures de ce type, nous n’avons pas l’intention de seulement construire des murs, mais d’accompagner les projets des professionnels. Ce cadre collectif et pluridisciplinaire restera par ailleurs un mode d’exercice parmi d’autres car il y a des médecins qui n’en veulent pas et des territoires ou les MSP ne conviennent pas. La vraie question pour nous est de dégager et sanctuariser davantage de temps médical pour les médecins, quitte à les aider pour cela dans leurs tâches administratives.
Un plan d’investissement pour la médecine générale est-il envisageable ?
O.V. Quand on parle de dégager du temps médical, cela s’adresse en particulier aux généralistes. Et puis il faut ouvrir le chantier des compétences : comment pense-t-on l’exercice entre un médecin et des paramédicaux, par exemple ? Quand Emmanuel Macron annonce un grand plan d’investissement pour la santé de 5 milliards d’euros, notamment pour les technologies numériques, on inclut la médecine générale, avec la télémédecine. Quand on parle de MSP, d’aides à l’installation et d’accompagnement de chaque médecin dans ses projets, on est dans cette dynamique. Je ne crois pas aux grandes conférences, ce n’est pas ce qui permet le mieux d’aboutir. Les solutions, on les connaît. Maintenant, il faut travailler avec les professionnels. On n’est plus dans le temps des questionnements, mais dans celui de l’action.
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