L’ouverture contrariée de salles d’injection à moindre risque va encore durer longtemps. Pourtant de nombreux travaux internationaux ont démontré l’intérêt de ces salles en termes de réduction des risques, d’accès aux soins et aux droits sociaux pour des malades très marginalisés qui cumulent les difficultés médico- psychosociales.
Les opposants à ces salles réunissent des politiciens (qui ne connaissent rien à l’addictologie et dont les motivations sont plus électorales que basées sur des données scientifiques) ainsi que les habitants des quartiers ou ces salles souhaitent s’implanter. Les quartiers ou ces salles doivent être implantées concernent les lieux où se trouvent les malades qui sont, soit dans la rue, soit dans des logements précaires.
La loi de prohibition de 1970 va empêcher l’ouverture de ces salles. Cette loi interdit l’usage, la possession, la vente, l’incitation à la consommation des substances interdites. En France, il n’y a jamais eu de réel débat sur le bilan de cette loi. Ce bilan est pour le moins paradoxal. La loi est censée protéger la population vis-à-vis des substances prohibées. Force est de constater que cette loi n’a pas atteint son objectif. La France est la championne d’Europe d’usage de cannabis. La prohibition a entraîné une violence et une délinquance majeure. La lutte contre les trafics, les incarcérations d’usagers de drogues, les mobilisations des forces de l’ordre, entraînent un coût humain et des dépenses très importantes pour la société. Les politiques de réduction des risques ne sont pas mises en œuvre. Les malades retardent leurs soins et aggravent leur état de santé.
Un effet pervers de la loi de prohibition, en regard de la criminalisation de l’usage de ces produits, est de banaliser l’usage des substances psychoactives « légales » comme l’alcool. Or, de toutes les substances psycho-actives, c’est l’alcool qui entraîne le plus de dommages médicaux et psychosociaux, loin devant les autres substances. Les moyens mobilisés pour la lutte contre les drogues ont retardé ou minimisés ceux nécessaires à la prévention et aux soins des personnes souffrant de mésusage d’alcool.
Quand on a la curiosité de prendre un peu de recul et que l’on observe ce qui se passe dans le monde, on s’aperçoit que de nombreux pays (Portugal, certains états aux États-Unis, l’Uruguay…) ont réfléchi à ces questions et ont mis en œuvre d’autres politiques qui ont pour point commun la dépénalisation de l’usage de ces substances.
Contrairement aux croyances, ces dépénalisations d’usage et de détention de certaines quantités de produit, n’entraînent pas une explosion de la consommation de substances psycho-actives. Ces politiques innovantes s’accompagnent de programmes de prévention et de soins.
La politique de prohibition en France est une des plus sévères au monde. À l’image de la prohibition de l’alcool aux États-Unis dans les années 1920, la France s’obstine dans une politique répressive aux effets délétères. Il faut espérer que nous pourrons bientôt avoir au plus haut niveau une réflexion nécessaire pour modifier la loi de 70.
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