Et de deux ! Un an après avoir été l’artisan d’une réforme des retraites douloureuse pour les Français, Marisol Touraine a réussi mardi à faire voter sans difficulté une loi de santé qui ulcère les praticiens libéraux. Son projet de loi est, en effet, passé comme lettre à la poste à l’Assemblée et même s’il ne s’agit que d’une adoption en première lecture, le plus dur est fait désormais pour la ministre de la Santé qui, une fois encore, a bien mérité de la « Hollandie ». Le Sénat, bien sûr, va rechigner. C’est son rôle de chambre d’opposition. Mais la ministre est parvenue à dompter les « frondeurs » du PS, députés turbulents autant que redoutés, mais sur lesquels le tiers payant généralisé fait, paraît-il, l’effet d’un baume apaisant. La chronique parlementaire retiendra donc que, pour la ministre, l’affaire avait commencé dans le stress et dans les larmes en commission des Affaires sociales. Elle se termine par un scrutin aussi solennel que triomphal…
Bien joué ? C’est à voir… Reste à travailler avec les médecins de ville désormais. Et ça pourrait être difficile tant leur base semble remontée. On ne fait pas une réforme de la santé sans les professionnels de santé. Or la plupart ne sont pas prêts à lui pardonner le tour qu’elle leur a joué, en échange de concessions sur la place respective des ARS et du généraliste dans le système de soins. Côté syndicats, si le soufflé semblait un peu retombé depuis la manif du 15 mars, il a suffi du vote de mardi pour que les uns et les autres relancent des consignes tarifaires ou de boycott du tiers payant… Après de tels passages à l’acte, le moins qu’on puisse dire est que la concertation censée reprendre avec Matignon n’est pas gagnée d’avance. Et la fameuse conférence nationale promise à l’automne, non plus.
D’ici là, les médecins libéraux seront bien occupés, il est vrai. C’est peut-être ce qu’escomptent les pouvoirs publics en organisant à la mi-octobre des élections aux Unions régionales professionnelles de médecins libéraux qui vont accaparer leurs syndicats. Mais la lame est à double tranchant. Certes, l’entrée en campagne va, comme chaque fois, instiller le venin de la division entre vos représentants. Difficile, en effet, d’espérer quelque action commune que ce soit en zone de turbulences préélectorales. En même temps, cette période de rut syndical s’accompagne toujours de surenchères pour séduire les électeurs. Pas sûr décidément que la ministre puisse bien longtemps se reposer sur ses lauriers…
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