Pneumopathies du sujet âgé

Éviter des milliers de morts par an

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Publié le 13/05/2019
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VACCIN GRIPPE

VACCIN GRIPPE
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Après 65 ans, un tiers des décès sont liés aux infections, première cause de mortalité après 75 ans, en particulier les infections pulmonaires.

Favorisées par les comorbidités (diabète, insuffisance cardiaque…) et les syndromes gériatriques (démences, troubles de la déglutition, dénutrition, dépendance…), les infections pulmonaires sont fréquentes en institution (1) où la pression antibiotique et les hospitalisations augmentent le risque d'émergence de bactéries résistantes.

Le traitement des épisodes infectieux paraît aisé et efficace, mais leurs conséquences à moyen et long terme sont sous-estimées, notamment sur l'autonomie fonctionnelle (1). Après hospitalisation pour sepsis sévère, le risque de déclin cognitif est multiplié par 3.34 et le déclin fonctionnel de 1.5 points en moyenne comparé aux patients hospitalisés pour un autre motif (2).

Vacciner

La prévention vaccinale concerne la grippe et le pneumocoque. Malgré une réponse immunitaire sur les taux d'anticorps un peu moins bonne que chez les sujets jeunes, la vaccination reste cliniquement et sanitairement très efficace chez le senior.

Les virus sont responsables de 30 % de toutes les pneumopathies aux premiers rangs desquels les rhinovirus et la grippe. La grippe contamine 3 à 7 millions de personnes par an en France. Selon la taille de l’épidémie et les comorbidités, 90 % de la mortalité survient après 65 ans. La mortalité peut être retardée. Elle est mesurée plusieurs mois après l'épisode épidémique (3 000 à 5 000 morts par an en France). Le vaccin réduit le risque de contage de 30 % et divise le risque de mortalité par deux (3). La vaccination contre la grippe est recommandée et prise en charge à 100 % dès 65 ans (ou en cas d’affection de longue durée, quel que soit l’âge) et chez le personnel soignant. Vacciner le personnel diminue significativement la mortalité des résidents d'EHPAD (4).

Le pneumocoque constitue la première étiologie bactérienne des pneumopathies, son incidence est de 220/100 000. L’âge, les comorbidités et la vie en institution en multiplient le risque par 6 à 10. De plus, les infections à pneumocoques invasives ont un taux de mortalité élevé (10 %). De nouvelles recommandations préconisent de prévenir les infections à pneumocoques invasives par la vaccination des patients à risque en communauté, notamment les immunodéprimés et en cas de comorbidités. Il s'agit d'une double vaccination : d'abord un vaccin protidique conjugué 13 valent (PREVENAR 13°) puis 2 mois plus tard un vaccin protidique 23 valent (PNEUMOVAX°) avec rappel de ce dernier à 5 ans (3). Cette double vaccination a deux avantages : le vaccin conjugué augmente le taux d'anticorps même chez les sujets âgés et l'association des deux vaccins assure une protection contre davantage de sérotypes. La vaccination contre le pneumocoque diminue par 2 le risque de pneumopathie à pneumocoque ainsi que le risque de mortalité par infection invasive.

Au total, il existe des moyens de prévention efficaces contre ces deux serial killers que sont la grippe et le pneumocoque. Grâce à la vaccination, une meilleure information des professionnels et des patients atteints de maladies chroniques, il est possible d'éviter des milliers de morts par an.

 

1. Hoogendijk EO, et al. Arch Gerontol Geriatr. 2016;65:116-121
2. Iwashyna TJ, et al. Jama 2010;304:1787-1794.
3. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2019 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/calendrier_vaccinal_mars_2019… (consulté le 23 avril 2019)
4. Lemaitre M, et al. J Am Geriatr Soc. 2009;57(9):1580-1586.
* Déclaration d’intérêts : Expertise vaccins Pfeizer et Sanofi

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9749