Cette fois, c’est presque voté. Après le succès de leur commission mixte paritaire, députés et sénateurs se sont enfin mis d’accord sur un texte commun pour la fin de vie, qui devrait conduire mi-février à l’adoption d’une nouvelle loi. Convergence de vues soudaine dont on conviendra qu’elle tombe plutôt bien, à l’issue de plus de trois ans de réflexion sur le sujet et d’une interminable navette entre les deux assemblées. Ironie du sort, ce deal inespéré intervient d’ailleurs alors même que l’on apprend que l’espérance de vie recule en France, pour la première fois depuis 1969. Les causes semblent certes conjoncturelles affectant les personnes âgées : épidémie de grippe un peu plus cognée l’an passé, vaccin moins bien ajusté, épisode caniculaire pendant l’été… Et cependant le constat de l’Insee vient opportunément rappeler que, décidément, la France ne rajeunit pas. Un vieillissement synonyme, bien sûr, de vulnérabilité accrue pour sa population…
C’est dans ce contexte que nos concitoyens vont donc bénéficier d’un nouveau visa pour « bien mourir ». La future loi impose d’abord le respect des directives anticipées du patient. Ces dernières volontés obligeant pour la première fois – et avec force légale – le médecin. Jusque-là le changement est réel et l’unanimité n’est pas feinte. Mais la suite est moins limpide. La réforme ouvre en effet la possibilité d’une sédation profonde et continue jusqu’à la mort. Nouveau droit à l’endormissement pour le patient, qui naît un peu sous le sceau de l’ambiguïté. D’aucuns rappellent que nombre de soignants le pratiquent déjà. Quand d’autres redoutent au contraire une dérive possible vers l’euthanasie. Pendant que le tiers restant regrette une demi-mesure et une occasion manquée de consacrer dans notre législation une assistance active pour mourir comme l’avait plus ou moins promis François Hollande.
Il n’est pas dit dans ces conditions que le compromis obtenu soit bien solide. Depuis son arrivée dans l’hémicycle, le débat a été verrouillé par un exécutif soucieux de ne pas en rajouter sur les réformes de société. Et il fut porté par une ministre de la Santé qui n’a jamais paru très convaincue. Les échanges ayant été néanmoins ballottés par les initiatives de pro- et anti-euthanasie, chacun plaidant pour sa chapelle. Rendons hommage aux deux rapporteurs, Jean Leonetti et Alain Claeys, dont la cohésion, l’abnégation et l’obstination ont permis de tenir le cap, malgré tout. Mais ce n’est pas la garantie que ce drôle de consensus durera une éternité…
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