J’ai croisé Olivier Véran à différents moments de son engagement. La première fois au cours d’un débat organisé, je crois à Grenoble, il était l’un des chefs de file du syndicat. Il tenait alors un discours très critique contre la politique menée par Nicolas Sarkozy autour de la réduction des lits, des conditions de travail. La seconde fois, il venait juste d’être élu député suppléant et participait au master de Science-Po organisé par Didier Tabuteau au sein duquel je donne des cours. Dans son mémoire, il mettait en doute l’existence et la réalité d’une désertification médicale. Ses propos acerbes commençaient à s’amender. Enfin, je l’ai retrouvé lorsqu’il avait été nommé à la tête de la commission créée par Marisol Touraine chargée de la réforme du financement des hôpitaux à laquelle je participais. Son nom avait été suggéré par André Grimaldi, Anne Gervais. Et là je parle comme sociologue, j’ai assisté à la métamorphose d’un médecin happé par la technostructure. Il ne raisonnait plus comme médecin. Son ambition politique était palpable, même s’il n’a jamais porté de projet, de vision politique. Il commençait déjà en sous-main à s’approcher d’Emmanuel Macron. Même si ensuite, il a été déçu de s’être vu préférer par une femme médecin PU-PH, parisienne, une grande figure de la légitimité sociale et professionnelle, il a toujours été un fidèle soldat du président de la République notamment comme rapporteur du PLFSS. Lors du Ségur de la santé, Olivier Véran était aligné sur la ligne défendue par Emmanuel Macron, moins dure que celle incarnée par Edouard Philippe. C’est par ailleurs un grand travailleur qui ne survole pas ses dossiers. À la tête de cette commission dont nous venons de parler, il est ainsi rentré dans l’usine à gaz de la T2A. Et maîtrisait les arcanes administratifs de la technostructure de la santé. Entre le début de son engagement syndical et les propos d’aujourd’hui, on note une normalisation, une banalisation. Sa blouse blanche de médecin compte moins aujourd’hui que son costume de politique. Aujourd’hui Olivier Véran s’inscrit dans cette catégorie de médecins qui se sont engagés en politique pour ne plus un jour revenir exercer leur premier métier. Il est devenu un professionnel de la politique.
Frédéric Pierru : « Sa blouse blanche de médecin compte moins aujourd’hui que son costume de politique »
Par
Publié le 01/12/2020
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail

Véran
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Source : Décision Santé: 323
Dérives sectaires : une hausse préoccupante dans le secteur de la santé
Protection de l’enfance : Catherine Vautrin affiche ses ambitions pour une « nouvelle impulsion »
Dr Joëlle Belaïsch-Allart : « S’il faut respecter le non-désir d’enfant, le renoncement à la parentalité doit interpeller »
Visite médicale d’aptitude à la conduite : le permis à vie de nouveau sur la sellette