Le Directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon, est dans la tourmente. Jeudi, la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise du coronavirus a rendu un rapport l'accusant d’avoir tenté de minimiser sa faute dans la gestion des stocks stratégiques de masques chirurgicaux de l'État, en faisant pression pour « modifier a posteriori les conclusions d'un rapport d’experts ». Ce document préconisait la constitution d'un « stock élevé, probablement d'environ un milliard de masques chirurgicaux ».
En dépit de ces préconisations, le Pr Jérôme Salomon avait « choisi de ne pas reconstituer » les stocks de masques chirurgicaux fin 2018, alors qu'il avait été alerté de leur faible niveau. Une décision qui aboutira en 2020 aux problèmes d’approvisionnements en masques rencontrés par les professionnels de santé pendant les premiers mois de la crise sanitaire.
Selon le rapport de la commission d’enquête, « l'analyse de courriels échangés entre la direction générale de la santé et Santé publique France atteste d'une pression directe de M. Salomon sur l'agence afin qu'elle modifie la formulation des recommandations de ce rapport », pour « faire disparaître la référence à la taille du stock ».
Un échange « dans le cadre de l’exercice normal de la tutelle »
À la suite de ces révélations, le Pr Salomon s’est défendu de toute tentative de pression. Dans un communiqué diffusé jeudi soir, la direction générale de la Santé souligne que le directeur général a « lui-même fourni l’ensemble des échanges de mails aux membres de la commission d’enquête du Sénat, en particulier celui produit en annexe du rapport sénatorial », et précise que cette démarche « participe d’une volonté totale de transparence ».
La DGS affirme « qu'aucune pression n’a été exercée sur le groupe d’experts ». « Le directeur général de la Santé a échangé avec le directeur général de Santé publique France dans le cadre de l’exercice normal de la tutelle pour lui rappeler la commande initiale, explique-t-elle. Le rapport des experts a été rendu public à la suite de ces échanges. » « Le DGS a répondu à toutes les questions relatives à ce sujet devant le Sénat et a fourni tous les éléments demandés par la commission d’enquête », insiste le communiqué.
Salomon ne doit pas être un bouc émissaire, prévient l'UFML-S
Peu après la publication du rapport, l’UFML-S (Union française pour une médecine libre – syndicat) s’est félicité que les « mensonges et manipulations » qu’elle dénonce depuis le printemps soient « reconnus » dans ce rapport. Le syndicat estime que ce document « [valide son] rôle de lanceur d'alerte tout au long de la crise de la Covid-19 ». Toutefois, le syndicat présidé par le Dr Jérôme Marty fait valoir que Jérôme Salomon ne doit pas être le « bouc émissaire permettant au gouvernement de s'exonérer de ses responsabilités, ni faire oublier, ni masquer, les responsables d’hier qui ont établi les bases du scandale ».
« Un fusible qui saute est toujours une conséquence, jamais une cause… », lance le syndicat. Pour l’heure, une démission du DGS n’est pas à l’ordre du jour, selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. « Heureusement qu'il reste à son poste, on est en pleine crise sanitaire ! Il est à la tête de la Direction générale de la Santé et je peux vous dire que, pour le voir dans les réunions, il est dévoué corps et âme à protéger la santé des Français », a-t-il déclaré vendredi sur LCI.
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