Lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de ne pas remettre en cause l’Aide médicale d’État (AME), qui permet aux étrangers en situation irrégulière, résidant en France depuis plus de trois mois, de bénéficier d'un accès aux soins. Pourtant, depuis quelques jours les inquiétudes commencent à poindre chez plusieurs associations, après le lancement en catimini d’une mission confiée à l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et l'IGF (Inspection générale des finances) sur le sujet. Elles doivent rendre leur rapport au gouvernement fin septembre-début octobre. Moment également choisi par l'exécutif pour lancer un débat parlementaire sur l'immigration.
Des auditions orientées sur la question de l'immigration
Les membres de l'Observatoire du droit à la santé des étrangers, reçus jeudi au ministère de la Santé, en sont ressortis confortés dans leurs inquiétudes, d'autant que, disent-ils, le gouvernement se refuse à exprimer la finalité de la mission : « Le simple fait qu'elle existe est un marqueur qu'il y a une volonté politique », estime Christian Reboul, un des responsables de Médecins du Monde, qui fait partie de l'observatoire. « Le discours politique général nous inquiète et vient accréditer le fait que le gouvernement a des velléités de restreindre l'AME », poursuit ce responsable qui y voit la main du ministère de l'Intérieur.
En effet, les auditions déjà menées dans le cadre de la mission sont de nature à renforcer les inquiétudes des associations. Les principales questions posées par la mission aux personnes auditionnées ? « L'AME génère-t-elle de l'immigration, par sa simple existence ? Pourquoi la France est-elle le seul pays européen doté d'un dispositif pour les sans-papiers ? », énumère Caroline Izambert, de l'association Aides, qui a également été reçue au ministère de la Santé. « Nous avons de grandes inquiétudes sur les arbitrages qui seront faits durant l'été. Même s'il n'y a pas une unité au gouvernement, on a compris qu'il y a des enjeux politiques et symboliques sur l'AME », s'inquiète Mme Izambert, qui parle du dispositif comme du « milliard (d'euros) le plus scruté de la protection sociale ». Aujourd’hui l’AME représente un budget de quelque 943 millions d'euros et bénéficie à plus de 300 000 personnes.
Agnès Buzyn favorable au maintien
La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est toujours prononcée en faveur du maintien en l'état de cette aide, affirmant même que la raboter coûterait in fine plus cher. C'est aussi ce qu'affirment les organisations auditionnées, expliquant qu'en cas de réforme, les soins vont se reporter sur les urgences, engendrant des impayés pour les hôpitaux. Le Premier ministre Édouard Philippe a vanté le mois dernier le « courage » de « lutter avec fermeté contre les abus ». Place Beauvau, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a évoqué les migrants « qui viennent se faire soigner en France », dans ces propos, les associations voient l'idée d'une réforme se profiler. En attendant octobre, des hypothèses sont évoquées, lors des auditions, à l'instar d'une possible réduction du panier de soins pris en charge.
(avec AFP)
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